Zoom sur la blockchain

La blockchain ou « chaîne de blocs », conçue en 2009 pour la création du Bitcoin est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création.

La blockchain ne concerne pas uniquement les métiers de la banque et de la finance mais également ceux du notariat, de l’assurance, de la santé, de la location ou vente de voitures, du transport, de l’alimentaire, etc.

Fonctionnement de la blockchain
(Source : Blockchain France 2016)

Quelques expériences de la blockchain :

  • dans le domaine bancaire, la Banque de France en collaboration avec sept établissements de crédit a lancé en juillet 2016 le projet MADRE pour la gestion des identifiants créanciers SEPA ;
  • dans le domaine des transports, le 5 octobre 2017, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) a officiellement lancé les travaux pour une Blockchain Globale transport ;
  • dans le secteur alimentaire, Nestlé, Unilever, Walmart et sept autres groupes agroalimentaires travaillent sur la traçabilité des denrées périssables via la technologie blockchain.

N’étant pas contrôlée par une autorité étatique et reposant sur l’anonymat, la technologie blockchain nécessite un encadrement juridique pour éviter d’être utilisée à des fins illicites.

L’avis du Groupe de travail sur les perspectives de développement

Plusieurs dimensions doivent être prises en compte pour évaluer le succès futur de cette technologie, en particulier pour ses applications liées à la cryptomonnaie :

  • La confiance des publics dans les cryptomonnaies
    Il s’agit probablement davantage d’éduquer les publics sur ce que permet et ne permet pas la technologie blockchain. Quelques mésaventures assez bien relayées dans les médias montrent les limites apparentes de la rentabilité de la cryptomonnaie, bitcoins par exemple. Il est vrai que quelques cas de fortunes ont été relatés qui ont fait miroiter des gains systématiques et fabuleux à des publics crédules et moins bien informés. Mais ce principe de miroir aux alouettes n’est pas une caractéristique spécifique intrinsèque au bitcoin. Il n’empêche que les acteurs devront être attentifs à informer correctement le grand public s’ils ne veulent pas voir l’ensemble de leur activité entachée d’a priori négatifs.
    La confiance est également liée aux fraudes possibles. Notre avis est que ce phénomène, certes important à prendre en compte, n’est pas spécifique de la blockchain et doit faire l’objet d’une attention responsable de la part des acteurs, au même titre que toutes les problématiques des nouvelles technologies qu’elles soient liées à l’univers du numérique en général, des algorithmes, de l’intelligence artificielle, etc.
  • La consommation électrique associée au fonctionnement de cette technologie
    Il apparaît en effet que celle-ci est considérable et qu’elle ne peut que croître avec le cours du bitcoin. Donc sauf si celui-ci s’effondre, on peut démontrer que la consommation électrique augmentera proportionnellement à l’augmentation du cours de la monnaie. Plusieurs camps s’affrontent pour évaluer quantitativement cette consommation électrique. Même les plus optimistes estiment que la dépense électrique oscille entre 5 et 10% de la consommation française d’électricité. D’autres estimations montrent que la consommation de ce réseau informatique devrait atteindre dans les prochains mois de l’ordre de 70 à 100 térawattheures par an : soit la consommation d’un pays de la taille de la Belgique. Comme cette consommation (ou dépense) ne peut qu’augmenter avec le succès de la monnaie, il faut s’interroger sur les dispositifs à mettre en place pour la contraindre. L’une des solutions, radicale, serait d’interdire ce type de transactions, mais cela ne semble pas envisageable, et encore moins souhaité par les États qui n’y ont pas intérêt. Une autre piste consiste à analyser l’origine précise de la consommation. Elle est en grande partie liée au mode de distribution des bitcoins, émis toutes les 10 minutes et qui organise un concours entre les nœuds du réseau à cette même fréquence pour désigner le gagnants et les commissions résultantes. On pourrait donc envisager de modifier ce système d’incitation très énergivore et même si à ce jour, il n’a pas été trouvé d’alternative, c’est une direction de recherche suivie. Mais la question environnementale tient aussi à la fabrication des puces nécessaires au fonctionnement du système, des puces spécialisées, peu écologiques mais dont il faut reconnaître qu’elle permettent de créer un grand nombre d’emplois.

On le voit donc, le système dans son ensemble n’a pas encore trouvé son équilibre, entre les performances technologiques positives et indéniables et les performances environnementales, pour le moment négatives. Sans doute faudra-t-il renoncer à certains aspects pour en favoriser d’autres, sans que l’on sache aujourd’hui quels compromis les différents acteurs impliqués accepteront de consentir. Mais le succès futur des blockchains ne sera assuré qu’à la condition d’affronter cette question de dépense énergétique, sous peine de casser la poule aux œufs d’or.

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