Qu’en pensent les grands argentiers et les grands entrepreneurs ?

Dans son dossier « L’événement », du 9 mars 2021, le Figaro économique publie des interviews de dirigeants sur le bitcoin.

  • James Dimon, PDG de JP Morrgan Chase en 2017 : « Le bitcoin est une escroquerie »
  • Toutefois, Danel Pinto son co-président estime en février 2021 « que la banque va devoir s’intéresser au bitcoin »
  • Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des États -Unis « Je crains que le bitcoin ne soit souvent utilisé à des fins illégales. Et c’est un moyen extrêmement inefficace de faire des transactions »[1]
  • François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France : « Un enseignement de l’histoire des placements depuis des siècles : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel [2]»

Par ailleurs. Christine Lagarde Présidente de la BCE invitée sur BFMTV et BFM Business [3] déclare : « Les cryptoactifs, ce n’est pas une monnaie. C’est un actif hautement spéculatif ».

Et Bruno Lemaire Ministre de L’Économie prend position : “Je propose que nous engagions une réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité ».

On retiendra l’inquiétude de « grands argentiers » face à cet intrus disruptif dans leur domaine réservé : la monnaie

Mais on retiendra aussi l’enthousiasme de grands acteurs économiques et financiers :

  • Jack Dorsey PDG de Square « Square investit 170 millions de dollars en bitcoins, cela représente 5% du cash de la société. Jack Dorsey est par ailleurs PDG de Twitter.[4] Il s’est associé au rappeur JayZ[5] pour faire du bitcoin la devise d’Internet.
  • Elon Musk, fondateur de Tesla « Je pense, à ce stade, que le bitcoin est une bonne chose et je le soutiens. » (En investissant 1,5 Mds de dollars NDRL).
  • 8 poids lourds de la finance internationale investissent en crypto monnaie : de Rick Rieder directeur des investissements (CIO) chez BlackRock, le plus grand gestionnaire au monde à Mathew McDermott Directeur des actifs numériques de la banque Goldman Sachs qui envisage la possibilité de lancer une crypto monnaie [6].

Les entreprises face au bitcoin

France

Il y aurait quelque 300 commerçants et /ou entreprises acceptant les bitcoins, mais ces initiatives ont surtout valeur de communication d’image.

Par contre, de grandes enseignes et organismes ont adopté le bitcoin comme moyen de paiement[7] et [8] : Auchan, Décathlon, Cultura, Boulanger, Noroto, Conforama, Maisons du Monde.

L’État accepte aussi le bitcoin : la première vente aux enchères judiciaires de bitcoins en France a eu lieu le 17 mars 2021 à Paris, par la maison de vente Kapandji Morhange, soit 611 bitcoins pour un montant de 24 millions d’euros encaissés par l’État.

Au plan mondial

* en 2020, plus de 40 entreprises acceptent les bitcoins parmi lesquelles : Unicef, Twitch, WordPress, Microsoft, Wikipedia, Subway, Domino’s Pizza et KFC. PayPal et Bitcoin étudient un partenariat [9]

* Un classement présente « les 5 meilleures villes pour payer en bitcoins[10] »

San Francisco, Londres, Melbourne, Buenos Aires, Amsterdam.

Que conclure ?

Depuis sa création en 2009, le bitcoin est l’objet de multiples controverses et jusqu’ici, la principale critique portait sur son caractère spéculatif.

Mais aujourd’hui, face à son utilisation croissante comme moyen de paiement, et d’investissement, les Banques centrales craignent qu’il se substitue progressivement à leurs monnaies fiduciaires, le dollar et l’euro.

La première menace sur le bitcoin est donc une régulation, voire une suppression par les banques centrales de son rôle de monnaie On remarquera que dans cette hypothèse, son attrait ludico-social et spéculatif, voire refuge, demeurerait.

Mais d’autres menaces se profilent, potentiellement plus préjudiciables aux investisseurs :

* le piratage des coffres numériques et des plates-formes de vente/achat,

* la prise de contrôle partielle ou totale du système par des géants numériques, * la perte de confiance due aux fraudes et au blanchiment d’argent,

*les risques des distributeurs automatiques etc.

Enfin deux menaces d’un nouveau type apparaissent :

Diem (ex Libra) un concept de stablecoin[11] initié par Facebook permettant des transferts d’argent et des achats en ligne[12].

Or, fin 2020, Facebook revendiquait 2,8 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois, d’où autant d’utilisateurs potentiels perdus pour la fonction paiement du bitcoin. Diem (stablecoin) bénéficie de surcroît de la stabilité de change en dollar ou euro.

La consommation d’énergie : selon une étude[13] contestée[14], l’énergie consommée par le bitcoin équivaudrait à celle d’un pays comme la Norvège ou l’Argentine.[15] , un argument de poids pour les médias écologiques.

Toutefois, au-delà de toutes ces menaces, la double dimension psychologique et financière du bitcoin suscite trois grandes interrogations :

  • Quel que soit le contexte, les multiples utilisateurs du bitcoin seront-ils toujours séduits par son triple attrait libertaire, ludico-social et financier ?
  • Les grands investisseurs et gestionnaires de fonds maintiendront-ils voire augmenteront-ils leurs positions ?
  • La bonne vieille loi de l’offre et de la demande, qui a toujours été favorable financièrement au bitcoin depuis 2009, pourrait-elle, un jour, montrer ses limites du fait que le bitcoin est lui-même plafonné à terme à 21millions d’unités ?

[1] On soulignera la contradiction entre ses deux affirmations qui nuisent à leur crédibilité.

[2] « Never complain, never explain » dirait-on Outre-Manche.

[3] https://www.bfmtv.com/economie/christine-lagarde-le-bitcoin-ce-n-est-pas-une-monnaie_AV-202102070217.html 07 02 21) On observera qu’elle n’emploie pas le terme de cryptomonnaies, dont elle conteste l’existence.

[4] https://www.boursier.com/crypto-monnaies/actualites/economie/cryptomonnaies-jack-dorsey-et-jay-z-veulent-faire-du-bitcoin-la-devise-d-internet-45844

[5] Jay -Z, rappeur et entrepreneur est, entre autres, associé à 50-50 au groupe LWMH, via Moët Hennessy, dans sa marque « ultra premium » de champagne Armand de Brignac, https://www.challenges.fr/conso-et-luxe/jay-z-et-moet-hennessy-un-mariage-ultra-premium-dans-le-champagne_752420

[6] https://www.cafedelabourse.com/actualites/poids-lourds-finance-investis-crypto-monnaie

[7] Voir les conditions de règlement en caisse sur https://www.journaldunet.com/economie/finance/1445818-payer-en-crypto-chez-les-grandes-enseignes-bientot-possible-mais-vraiment-utile/

[8] Voir les conditions de règlement en caisse sur https://www.journaldunet.com/economie/finance/1445818-payer-en-crypto-chez-les-grandes-enseignes-bientot-possible-mais-vraiment-utile/

[9] D’après https://coinlist.me/fr/actualites/qui-accepte-les-bitcoins-40-sites-qui-acceptent-les-paiements-en-btc-en-2020/

[10] Dans ces villes, les paiements doivent être effectués avec une application bitcoin du type e commerçant bitcoin 2  Gianluca Riccio Novembre 16 2020 https://www.futuroprossimo.it/fr/2020/11/le-5-migliori-citta-in-cui-spendere-i-tuoi-bitcoin/

[11] Le diem sera un stable coin, c’est-à-dire une crypto-monnaie stable. Par exemple, si le prix du bitcoin est à 10 000 dollars et que vous échangez 1 bitcoin contre du diem, vous aurez donc 10 000 unités de diem. Si le cours du bitcoin descend à 5 000 dollars, vous aurez toujours 10 000 dollars en diem.

[12] https://www.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1438892-diem-ex-libra-les-derniers-elements-sur-la-future-cryptomonnaie-de-facebook/

[13] /www.businessinsider.fr/us/bitcoin-energy-consumption-cambridge-study-cryptocurrencies-bitcoin-mining-climate-change-2021-

[14] https://blogs.letemps.ch/yves-bennaim/2021/02/20/bitcoin-energies-renouvelables/#:~:text=Ce%20qui%20consomme%20l’%C3%A9nergie,transactions%20par%20cartes%20de%20cr%C3%A9dit.

[15] L’université de Cambridge ne semble pas avoir fait le même calcul pour les réseaux sociaux et les data centers

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