« Notre monde vient d’en trouver un autre. »
Montaigne Les Essais (5/7)[1]
1 Peut-on comprendre l’univers des cryptomonnaies ?
Un ami lecteur, très régulier et avisé m’a confié qu’après avoir lu avec attention les 9 premières séquences du dossier Cryptomonnaies « il n’avait toujours pas compris », sans préciser d’ailleurs ce qu’il n’avait pas compris. Il a toutefois ajouté « Mais je pense que ce n’est pas fini ».
Cette remarque d’un grand lecteur et homme de culture m’a naturellement amené à me demander moi-même ce qu’il y aurait à « comprendre » dans cet univers des cryptomonnaies que je tente depuis 18 mois, sinon de faire découvrir, ou à tout le moins d’éclairer pour les visiteurs et visiteuses du site de notre Académie.
Selon notre cher Alain Rey [2] « comprendre » peut signifier entre autres :
- embrasser dans un ensemble
- être capable de faire correspondre à (qqch) une idée claire
- se faire une idée claire des motifs, de (qqch) des causes
- connaître, savoir, sentir : comprendre la nature, l’art.
Dans ces conditions je comprends très bien que mon lecteur et ami n’ait pas compris, car moi-même, malgré mes efforts d’observation, d’analyse et de réflexion, je ne pense pas avoir « compris » sous ces angles.
De ce fait, je n’ai bien naturellement pas la prétention de « décrypter » les cryptomonnaies et/ou les cryptoactifs pour en transmettre une idée claire.
J’essaie simplement par des éclairages multiples et la présentation de différents points de vue, quelquefois contradictoires, de montrer leur complexité.
Mais c’est justement dans leurs divergences que tous les commentaires des acteurs des cryptomonnaies sont enrichissants, à l’heure des innovations disruptives. En effet, nous ne sommes plus dans ce bel univers (idyllique ?) de Boileau (ce qui se conçoit bien…) où tout est clair, simple et facile à comprendre dès l’école primaire.
Mon seul but est d’essayer de transmettre une idée de l’immensité de ce phénomène mondial, à la fois hétérogène, interactif, et évolutif. Comme le montrent ci-dessous les mots clés des titres des 10 premières séquences.
Un phénomène mondial : 1 Le Bitcoin : un triple attrait, libertaire, socio-ludique et financier 2 Grands argentiers et grands entrepreneurs 3 Les stablecoins 4 Du Diem de Facebook au Lugh de Casino 5 Les stratégies cryptomonnaies en Europe 6 Les stratégies cryptomonnaies E.U et Chine 7 Les cryptomonnaies source d’innovation disruptive 8 Créer ou ne pas créer l’e.euro ? 9 Les cryptomonnaies, des signes contradictoires au loup dans la bergerie 10 Les cryptoactifs de l’investissement financier, à l’exploitation des NFT par les marques 11 et suivantes à paraître en -2023 |
2 Cryptoactifs vs cryptomonnaies
Pour mieux apprécier le contenu de cette 10ème séquence, rappelons quelques notions. On remarquera que certaines peuvent différer de celles proposées dans les séquences précédentes : c’est là aussi une des caractéristiques de cet univers, les sens, les contenus évoluent avec les réalisations confirmées et les échecs assumés par leurs acteurs.
On remarquera que la distinction entre cryptomonnaies et cryptoactifs peut sembler ambigüe. En fait, les cryptomonnaies sont considérées comme des cryptoactifs, mais tous les cryptoactifs ne sont pas des cryptomonnaies.
Selon l’AMF : [3] « une cryptomonnaie ou un crypto-actif désigne « des actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain (chaine de bloc) à travers un registre décentralisé et un protocole informatique crypté ».
Plus largement, les crypto-actifs représentent des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs les acceptant en paiement de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale ».
Sur le plan juridique, une cryptomonnaie n’est pas une monnaie : elle ne dépend d’aucune institution, ne bénéficie d’aucun cours légal dans aucun pays ce qui rend l’évaluation de sa valeur difficile et ne peut être épargnée donc constituer une valeur de réserve
Les « payment tokens », (jetons de paiement) sont des cryptoactifs à vocation de règlement. Il s’agit du modèle historique, avec l’apparition du Bitcoin en 2008, rapidement suivi par d’autres cryptoactifs Ethereum, Ripple, etc.). Font également partie de cette catégorie des cryptoactifs qualifiés de stablecoins, lesquels promettent une stabilité que les principaux cryptoactifs ne présentent pas. Cette stabilité provient généralement d’un adossement à de la monnaie ayant cours légal, mais aussi parfois d’un adossement à d’autres actifs ou cryptoactifs.
Les « utility tokens », jetons représentatifs de droit d’usage souvent utilisés lors d’une Initial Coin Offering (offre publique de jetons), opération qui consiste pour une entreprise à créer et distribuer des jetons numériques à ses investisseurs en échange le plus souvent de cryptoactifs afin de financer son activité.
Les « security tokens », jetons représentatifs d’instruments financiers.
https://www.tresor.economie.gouv.fr/banque-assurance-finance/blockchain-cryptoactifs-fintech
NFT voir après
3 Les risques des cryptomonnaies
L’investissement dans les crypto-actifs comporte des risques :
*de bulle spéculative : le cours des cryptomonnaies est très volatil et expose les acheteurs à *des pertes financières potentiellement très importantes
*des piratages informatiques (hacking) : la conservation des crypto‑actifs n’offre aucune protection en matière de sécurité des avoirs
*de blanchiment des capitaux : par leur caractère anonyme, les crypto‑actifs favorisent le contournement des règles relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux ou peuvent participer au financement du terrorisme ou d’activités criminelles.
https://www.economie.gouv.fr/particuliers/cryptomonnaies-cryptoactifs
Tous ces risques sont réels et les commentateurs anti cryptomonnaies et autres défenseurs du statut quo bancaire, les soulignent à l’envi, en omettant toutefois de mentionner ceux, tout aussi réels, d’investissements comme les SCPI., officiellement reconnus et commercialisés par les réseaux bancaires.
CORUM « Acheter des parts de SCPI est un investissement immobilier long terme dont la liquidité est limitée. La durée de placement recommandée est de 10 ans. Ce placement comporte des risques, dont la perte en capital. Les performances et les revenus ne sont pas garantis et dépendent de l’évolution du marché immobilier et du cours des devises. Le rachat des parts n’est pas garanti. Enfin, comme pour tout placement, les performances du passé ne préjugent pas des performances futures. » https://infos.corum.fr/scpi-corum/?utm |
La faillite de FTX, plate-forme d’échange
Tout le monde des cryptomonnaies a été secoué par le scandale FTX. Après avoir été fondée en 2019, cette entreprise a connu une ascension fulgurante jusqu’à devenir deuxième acteur du secteur le plus important au monde derrière Binance, détrônant l’illustre Coinbase lancé en 2012. La plateforme voit transiter jusqu’à 90 milliards de dollars par mois, sa valeur explose et atteint, début 2022, 32 milliards de dollars. Avant une dégringolade tout aussi rapide.
Son fondateur, Sam Bankman-Fried, est accusé d’avoir, dès les débuts de FTX en 2019, utilisé l’argent déposé par les clients souhaitant spéculer sur les cryptomonnaies pour financer l’activité – et les paris risqués – de sa société de courtage et d’investissement Alameda. Il lui est aussi reproché d’avoir menti aux financiers ayant prêté de l’argent à Alameda sur la santé financière réelle de l’entreprise et aux investisseurs de FTX. Il a enfin utilisé de l’argent « volé » à ses clients pour verser des dizaines de millions de dollars à des responsables politiques, démocrates comme républicains, et ainsi tenter « d’acheter de l’influence » à Washington, a accusé le procureur fédéral de New York, Damian Williams, lors d’une conférence de presse.
https://www.lefigaro.fr/societes/une-nouvelle-banque-prise-dans-la-tourmente-ftx-20230106
Face au cas FTX, il convient toutefois de rappeler que Binance, leader mondial des plates-formes cryptomonnaies est présent en France avec l’agrément de l’AMF.
https://www.binance.com/fr/blog/markets/binance
Binance est désormais un fournisseur de services d’actifs numériques enregistré en France 2022-05-13
Binance France a obtenu l’enregistrement en tant que Prestataire de Services sur Actifs Numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), avec l’accord de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR).
Ce jalon fait de Binance le premier PSAN en Europe et démontre notre engagement à exercer notre activité en assurant la conformité aux différentes réglementations en vigueur.
4 L’exploitation des NFT dans l’art, la politique et les marques
NFT en anglais non fongible token, jeton non fongible en français, est un objet unique qui n’est pas interchangeable.
Les NFT dans l’art : en achetant un NFT, on achète la propriété exclusive de l’ouvre originale incluse dans ce NFT. L’artiste conserve toutefois ses droits d’auteur et de reproduction etc. Tout l’historique de l’œuvre peut être associé dans le fichier.
Les NFT dans la politique : Donald Trump se met en scène dans une collection de cartes NFT, au total 45 000 pièces vendues à 99 $. Les créateurs toucheront 10% à chaque fois qu’une carte sera vendue (D’après le FIG.Eco.24 01 23) Voir photos https://journalducoin.com/nft/cartes-nft-donald-trump-chute-ventes-prix-pancher/
Les NFT dans les marques : après la chute du marché des NFT, des marques et/ ou enseignes internationales créent des NFT pour enrichir leur relation client. Ainsi Etam a lancé en septembre 2022 une première offre : un achat d’un certain produit permettait d’accéder à l’édition limitée d’une pièce rare, un body brodé par la maison Potentier ou à différentes expériences personnalisées.
Starbucks a lancé en décembre 2022 un programme de fidélité basé sur des NFT pour récompenser ses clients les plus assidus en leur proposant des boissons réservées. D’après le Fig.Eco 02 03 2023
5 Quid du bitcoin en ce début de 2023 ?
En 2022, la valeur du bitcoin a varié entre 16 000$ et 23 000$.
En 2023, le marché des « petits allers- retours » se poursuit, dans la même fourchette de valeur, avec une fréquence de 15 à 20 jours. On soulignera trois faits :
- Cette pratique des petits acheteurs est contraire à celle des grands investisseurs qui conservent en moyen leurs achats deux à trois ans pour saisir les meilleures opportunités
- Elle permet toutefois de toucher un large public (8 à 10% des Français) qui encaisse 10 à 20% de profit par transaction
- Le cours du bitcoin peut varier en fonction des cours des Bourses, et ce bien qu’il ne soit pas coté en bourse, mais que sa valeur soit fonction de l’offre et de la demande 24H sur 24.
6 De la conjoncture aux conjectures
Si la conjoncture est « une situation qui résulte d’une rencontre de circonstances et qui est considérée comme le point de départ d’une évolution, d’une action », on peut, en ce qui concerne les cryptomonnaies, se perdre en conjectures, en envisageant de multiples hypothèses, le cas échéant contradictoires, pour l’avenir.
Alors, concluons avec Stéphane Arnoult « À propos de la folie NFT : Il y a encore des questions sur ces marchés nouveaux, mais une chose est sûre : ce serait une erreur de ne pas y aller. » (Source https://articles.epresse.fr/article/apres-la-folie-nft-le-marche-revient-a-la-raison/1022910/24310/6243/13941)
Et l’on pourrait ajouter à l’attention des enseignants, des étudiants et des professionnels du commerce : « et de la nécessité de se tenir informé sur des innovations, dont certaines pourraient accroître les échanges commerciaux et les succès de demain ».
[1] Source Canal Académies 21 10 22 Canal Académies <communication@canalacademies.com>
[2] Source Comprendre Le Grand Robert de la Langue française
[3] Source https://www.economie.gouv.fr/particuliers/cryptomonnaies-cryptoactifs
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CPA HEC EMBA
Membre de l’Académie des Sciences Commerciales, Expert distribution. Membre de la Société des Amis de la Fondation Maeght depuis 40 ans.
Past Conseil en commercialisation et développement (France, Belgique, Suisse, Québec).
Grand Prix de l’Innovation Merchandising 1991. Archives professionnelles “Jacques Dioux Conseil” déposées aux Archives Nationales du Monde du Travail – Roubaix.