Les stablecoins

De Facebook à Casino, pourquoi ?
« Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. »[1]

Bouddha

Les stablecoins par rapport aux bitcoins

De l’anglais stable et coin pièce de monnaie. Pour apprécier la spécificité des stablecoins, il convient de les situer dans l’ensemble des cryptomonnaies et plus particulièrement par rapport à la principale d’entre elles, le bitcoin[2].

Celui-ci, outre sa haute sophistication informatique[3] utilisant la blockchain, offre un triple attrait à la fois libertaire, ludique social et financier.

Sa valeur est fonction, entre autres, de l’offre et de la demande et du nombre de bitcoins créés et en circulation ou non. Cela étant, sa valeur n’est pas garantie, et ses détenteurs s’exposent à la perte pure et simple de leur investissement.

C’est d’ailleurs par la suppression affichée de ce risque que les stablecoins se différencient du bitcoin.

Les stablecoins par rapport aux ETF

« Un Exchange traded fund » (ETF) est un produit financier qui réplique les variations d’un indice. Les ETF sur bitcoin permettent aux investisseurs de spéculer sur la star des cryptomonnaies sans l’acheter directement. Comme ils sont cotés en bourse, ils peuvent être échangés instantanément pendant une séance et les commissions de courtage sont faibles. Ils permettent aussi d’éviter les risques inhérents à la détention de cryptomonnaies comme le vol, la fermeture d’une plateforme… En revanche, si l’émetteur de l’ETF sur bitcoin fait faillite, l’investisseur perd sa mise. »

D’après

https://www.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1210122-stablecoin-visa-va-integrer-l-usdc-a-son-reseau/Les

Le principal risque d’un placement en ETF porte ainsi sur la variation de l’indice du marché suivi : si l’indice baisse, le portefeuille de l’investisseur baisse dans les mêmes proportions, voire plus fortement s’il a choisi ETF à effet de levier. Il peut donc perdre tout ou partie du capital investi.

Les stablecoins ne présentent pas ce risque.

La blockchain en 4 points 
1 La blockchain : est une technologie de stockage et de transmission d’informations, prenant la forme d’une base de données.
2 Elle a la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et ne dépend d’aucun organe central.
3 Elle a l’avantage d’être rapide et sécurisée.
4 Son champ d’application est bien plus large que celui des cryptomonnaies/crypto-actifs (assurance, logistique, énergie, industrie, santé, etc.).  

On notera que le terme Bitcoin désigne un concept unique et les bitcoins l’unité de compte de ce concept. Par contre, « stablecoin » est un terme générique utilisé sous différentes marques avec des caractéristiques spécifiques par exemple Diem (Ex Libra de Facebook) ou Lugh (Casino) voir ci-dessous.

Les stablecoins dans les cryptomonnaies

Sur un strict plan juridique, une cryptomonnaie ou monnaie virtuelle, n’est pas considérée par les institutions financières comme une monnaie car ne dépendant d’aucune institution, ni ayant un cours légal. Toutefois les cryptomonnaies (il en existe plus de 2000 dans le monde) sont utilisées dans la plupart des opérations effectuées par les monnaies fiduciaires, notamment le dollar, l’euro.

Ainsi, la particularité des cryptomonnaies est qu’elles n’ont pas de définition positive i.e. « ce qu’elles sont » mais sont seulement cernées par « ce qu’elles ne sont pas ».

Le Crypto-Currency [4]Act 2020

C’est pourquoi, pour tenter de préciser les spécificités des cryptomonnaies, les États-Unis travaillent sur un projet de définitions juridiques.

On notera le pluriel de définitions qui dès le départ souligne la diversité des cryptomonnaies.

« Le Crypto-Currency [5]Act 2020, projet de loi de l’élu républicain Paul Gosar a deux buts : proposer une définition juridique des cryptomonnaies et protéger les utilisateurs grâce à elle.


La définition juridique proposée s’articulerait en trois axes :

  • « Crypto-commodity » : biens ou services hébergés sur la blockchain, comme l’Ethereum ou le Bitcoin par exemple.
  • « Crypto-currency » : désignant les cryptomonnaies dont la valeur est stable car reposant sur celle d’un autre actif, généralement d’une monnaie fiduciaire – soit les stablecoins.
  • « Crypto-security » : désignant les instruments de dette, de capitaux et dérivés, qui reposent sur une blockchain – soit la valeur mobilière des cryptomonnaies.

Cette redéfinition a été votée hier par la Chambre des Représentants : elle doit maintenant être validée par le Sénat. » D’après

https://www.clubic.com/antivirus-securite-informatique/cryptage-cryptographie/crypto-monnaie/actualite-15709-sr-les-etat-unis-travaillent-sur-un-loi-pour-legaliser-les-crypto-monnaies.html

Une démarche pragmatique qui part du terrain et des utilisations.

On observera le pragmatisme de cette démarche : au lieu de contester le rôle de monnaie des cryptomonnaies, voire de nier leur existence même, comme le font, (pour combien de temps encore ?), certaines institutions financières, les auteurs du projet partent du terrain[6] pour définir non pas un terme unique mais des fonctions assurées.

Ils proposent ainsi de segmenter, dans un esprit marketing, et non lexicographique, les cryptomonnaies en fonction de leurs utilisations et non de considérations juridiques ou institutionnelles.

Cette segmentation sera particulièrement utile pour analyser les stablecoins de Facebook et de Casino (voir ci-dessous).

Ainsi, l’axe Crypto-commodity » intégrerait le Bitcoin, le considérant comme un produit ou un article (commodity).

Par contre, l’axe « Crypto-currency » intégrerait les stablecoins les considérant comme une valeur (currency, monnaie, devises).

La comparaison ci-dessous entre les deux termes [7] illustre bien leur différence du point de vue de la valeur.

 « Commodity money » dont la valeur repose sur un produit.

« Representative money » qui n’a pas de valeur intrinsèque mais dont la valeur est définie par une règlementation gouvernementale.

  • L’achat de cryptomonnaies et/ou stablecoins avec des monnaies fiduciaires et les plateformes d’échange

L’une des questions essentielles conditionnant l’utilisation et l’avenir des cryptomonnaies, qu’elles soient de type Bitcoin ou stablecoin, sont les conditions dans lesquelles elles peuvent être converties en monnaie fiduciaire, dollar ou euro par exemple, et inversement.

C’est pourquoi « la filiale européenne de la plateforme bitFlyer, qui accepte déjà les paiements par carte bancaire, vient d’intégrer PayPal : une première en Europe. Outre les paiements par carte bancaire, l’utilisation de PayPal sur les plateformes d’échange[8]  est un élément clé pour faciliter l’achat de cryptomonnaies, et une solution  pour les services d’échange concernés.

Les plateformes d’échange sont en négociation depuis des années avec les banques, Visa et Mastercard pour pouvoir intégrer des solutions de paiement simplifiées à leurs services »

D’après https://.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1210122-stablecoivisa-va-integrer-l-usdc-a-son-reseau

La fiscalité des cryptomonnaies

Si les cryptomonnaies ne sont pas reconnues par certaines institutions financières en tant que monnaie[9], elles le sont bien par le fisc.

Ainsi, « La classe des actifs numériques, pour parler des cryptomonnaies comme Bitcoin et Ethereum, a fait son entrée le 1er janvier 2019 dans le cadre réglementaire. Pour être conforme fiscalement, les devises numériques et les comptes de cryptomonnaies doivent être déclarés, et un barème spécifique aux cryptos est maintenant disponible pour l’impôt sur le revenu. En 2021, cette mise en conformité fiscale ne change pas. Elle concernera les crypto-actifs, mais aussi les différents comptes, en particulier s’ils se situent à l’étranger ».

D’après https://www.presse-citron.net/comment-declarer-ses-crypto-monnaies-impots/

On pourrait rapprocher ce procédé de celui que pratique le fisc vis-à-vis du plus vieux métier du monde. En effet, si celui-ci n’est pas autorisé en France, mais seulement toléré, il est néanmoins dûment imposé selon un barème fiscal bien catégorisé.

Les risques des stablecoins : garantir l’équivalent en monnaie fiduciaire des stablecoins achetés.

Les créateurs et gestionnaires de stablecoins mettent en avant l’échange « un pour un » avec le dollar ou l’euro, comme le décrit l’argumentaire de Diem ci-après. Toutefois, si la question de la convertibilité ne se pose pas lorsqu’ils vendent des stablecoins contre des dollars ou des euros à des investisseurs, elle risque de se poser lorsque des détenteurs de stablecoins dans une plateforme donnée veulent les convertir dans la monnaie avec laquelle ils l’ont achetée, dollar ou euro.

Ceci pose la question de l’emploi que le gestionnaire aura fait de ces monnaies fiduciaires qu’il a encaissées, et s’il les a placées, quid de leur valeur et de leur disponibilité ?

Ainsi le stablecoin le plus connu, Tether[10], a fait l’objet de plusieurs polémiques. Sa maison mère Bitfinex est accusée par la communauté de ne pas détenir l’équivalent en dollars des 2,2 milliards de Tether émis et n’a jamais apporté la preuve du contraire.

D’après https://.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1210122-stablecoivisa-va-integrer-l-usdc-a-son-reseau

« C’est précisément le phénomène qui a été observé avec Tether (USDT), qui représente aujourd’hui encore près de 75% du marché des stablecoins et l’essentiel de son volume de trading. L’entreprise censée garantir la valeur de la cryptomonnaie stockait ses réserves en dollars dans des paradis fiscaux, une opacité qui n’a pas tardé à susciter de la suspicion. Ces réserves correspondaient-elles réellement aux deux milliards d’USDT échangés sur le marché ? »

D’après https://lehub.bpifrance.fr/les-stablecoins-sont-ils-lavenir-de-la-cryptomonnaie/


[1] Dans le cas présent, on pourra interpréter cette parole de Bouddha sur le changement à deux niveaux :

  1. Par rapport aux stablecoins, 2) pour les « négationnistes » des cryptomonnaies

[2] Voir Articles 1 et 2 Le Bitcoin

[3] Pour une analyse approfondie du concept, voir : https://interstices.info/bitcoin-la-cryptomonnaie/

[4] Currency : monnaie, foreign currency devises (étrangères)

[5] Currency : monnaie, foreign currency devises (étrangères)

[6] C’est la démarche managériale” bottom up » partir du bas, du terrain

[7] Commodity money is money whose value comes from a commodity of which it is made. Commodity money consists of objects having value or use in themselves (intrinsic value) as well as their value in buying goods

This is in contrast to representative money, which has little or no intrinsic value but represents something of value, and fiat money, which has value only because it has been established as money by government regulation. source Wikipedia

[8] Ce terme plateforme d’échange, traduit imparfaitement le terme trading, de trade, commerce, car il s’agit bien d’une activité commerciale, source de profit, et non d’une simple activité permettant des échanges sans but lucratif comme il en existe de nombreuses sur Internet.

[9] Voir nos articles 1 et 2 « Le Bitcoin »

[10] C’est précisément le phénomène qui a été observé avec Tether (USDT), qui représente aujourd’hui encore près de 75% du marché des stablecoins et l’essentiel de son volume de trading. L’entreprise censée garantir la valeur de la cryptomonnaie stockait ses réserves en dollars associées dans des paradis fiscaux, une opacité qui n’a pas tardé à susciter de la suspicion. Ces réserves correspondaient-elles réellement aux deux milliards d’USDT échangés sur le marché ?

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