Le commerce extérieur se porte bien
La Secrétaire d’État au Commerce, Xiana Méndez, dans un entretien à Expansión (06/03/2023) a confirmé la bonne santé du commerce extérieur espagnol en 2022 avec une année record, et ce malgré une situation géopolitique défavorable. Le commerce extérieur représente un des principaux atouts de l’économie espagnole. L’énergie, l’équipement, l’alimentation et les produits chimiques ont été les principaux domaines qui ont bénéficié des politiques gouvernementales qui misent sur la transition énergétique et également l’industrie pharmaceutique.
E-commerce : une pénétration croissante
L’e-commerce confirme sa forte croissance en 2022, hausse de 68% des achats comparé à 63% en 2020, l’année Covid. Selon les données de la CMC (Comisión Nacional de Valores) les secteurs les plus prisés par les consommateurs sont les agences de voyages et tours opérateurs (10,2%), le transport aérien (6,6%), l’habillement (6,5%), suivi par les jeux d’argent et les loisirs.
Une des raisons de la croissance du e-commerce est le fait que les consommateurs, plus regardants sur les prix depuis l’augmentation de l’inflation, ont été très réceptifs aux réductions de prix proposées par l’e-commerce.
Les Espagnols refusent la disparition de l’argent liquide
Selon un récent rapport publié par la Banque d’Espagne, en 2022 le paiement en espèces est toujours un moyen utilisé en Espagne pour les achats d’un faible montant, devant les cartes bancaires (66 % des opérations) et le portable (6%). L’utilisation de l’argent liquide varie en fonction du niveau d’éducation et de l’âge des consommateurs qui refusent, à une écrasante majorité, la disparition de l’argent liquide car les Espagnols craignent qu’il soit lié au contrôle des dépenses.
Grande distribution : Aldi et El Corte Inglés très actifs
Les centres commerciaux, dont la fréquentation a été supérieure à 6 millions de visiteurs, ont connu une croissance de 7,7% en 2022 et ce malgré un scénario économique défavorable, marqué par une inflation élevée et une hausse des taux d’intérêt.
L’an dernier la chaîne allemande de supermarchés ALDI, tout en renforçant sa présence dans la Communauté de Madrid, en Catalogne, à Valence et en Andalousie, a commencé un ambitieux programme d’expansion avec l’ouverture d’une cinquantaine de nouveaux magasins. À la fin de 2022 Aldi disposait d’un parc de 394 supermarchés et augmentait ses effectifs de 12% (6.600 salariés).
Une gestion très rigoureuse et une optimisation des coûts ont permis au groupe El Corte Inglés d’atteindre un chiffre d’affaires de 15,3 milliards € en 2022, en hausse de 22,5% par rapport à 2021. L’Ebitda s’est établi à 951,4 milliards €, en hausse de 18,3 % par rapport à l’année précédente. Le résultat d’exploitation a, quant à lui, progressé de 29 % pour atteindre 412 millions €. El Corte Inglés a reçu en juin dernier le feu vert de la mairie de Madrid pour la transformation en hôtel d’un de ses magasins, localisé dans un quartier aisé.
Le tourisme : 10% du PIB espagnol
Ce secteur continue sur sa lancée et représente près de 10% du PIB espagnol. L’an dernier l’Espagne a accueilli 71,5 millions de visiteurs représentant un volume de dépenses de 87 milliards €. La Grande Bretagne reste le premier pays émetteur avec 15 millions de voyageurs, suivie par la France avec 10 millions de touristes. Enfin, l’Allemagne se classe en troisième position avec 9,9 millions de voyageurs.
Tolède, ville incontournable du tourisme espagnol, a vu une augmentation importante des visiteurs nationaux depuis l’implantation du Puy du Fou en Espagne. La version espagnole de ce parc de loisirs a accueilli 900 000 visiteurs et s’apprête à atteindre 1,1 million en 2023.
Malgré l’excellence de la liaison ferroviaire AVE (Alta Velocidad Española, équivalent du TGV) de Madrid-Tolède (70 Km, 20 minutes) le franc succès du parc français a créé un déficit hôtelier local.
Espagne : plaque tournante pour la logistique
Depuis quelques années l’Espagne est devenue un des pays européens de référence au niveau logistique. Grâce à ses bons réseaux ferroviaires et routiers et à sa situation géographique, porte d’entrée en Europe pour l’Amérique Latine, l’Espagne est devenue un atout pour le commerce international et une véritable plaque tournante pour la logistique. Elle attire de nouvelles entreprises et investisseurs. Madrid et Barcelone ont été à la tête de ce marché qui a accumulé plus de 2,3 milliards € d’investissement l’an dernier. Les organismes publics (et les 17 Communautés Autonomes) ainsi que les entreprises ont fortement investi pour mettre le marché national à l’avant-garde de la blockchain, de la big data et de l’IA. L’automatisation des grands entrepôts, la gestion des stocks ainsi que l’approvisionnement, ont été les priorités du secteur.
Par ailleurs, deux projets de macro-développement logistique autour des aéroports de Madrid et de Barcelone sont actuellement en discussion.
Prévoyant « une expansion ambitieuse » de ses activités en Espagne, IKEA envisage, avant 2025, d’investir 90 millions € dans son réseau logistique.
Transport ferroviaire : RENFE & SNCF
Malgré l’accord d’amitié et de coopération renforcé signé entre la France et l’Espagne en janvier 2023 à Barcelone, les interconnexions ferroviaires et énergétiques sont devenues des questions épineuses entre les deux pays.
Après des négociations longues et délicates, un équilibre vient d’être trouvé entre la SNCF et la RENFE (l’équivalent de la SNCF en Espagne). À partir du 13 juillet 2023, RENFE a le droit d’opérer en France avec des tarifs très attractifs. Elle fera circuler ses AVE entre Lyon-Barcelone et fin juillet Marseille-Madrid. Dans une cérémonie récente, Raúl Blanco, président de la RENFE, a affirmé « à terme, notre objectif est d’arriver à Paris en 2024. Transporter les athlètes espagnols aux Jeux olympiques à bord d’un train de RENFE serait un beau rêve », mais une question reste toujours sans réponse : à quand la très attendue liaison Paris-Saint-Sébastien-Madrid ?
Côté espagnol, la RENFE a montré une attitude plus ouverte que la SNCF : les trains TGV OUIGO à bas prix de la SNCF opèrent depuis le printemps 2021 entre Madrid-Barcelone, Madrid-Valence, Madrid-Alicante et très prochainement entre Madrid-Séville.
Échanges énergétiques et investissements
L’opposition de l’Élysée à la construction du gazoduc MidCat entre Barcelone et Carcassonne, perçu en Espagne comme une entrave à l’exportation d’énergie vers d’autres pays européens, s’est un peu adoucie par le grand coup d’envoi donné en décembre dernier par le président Macron et le président Sánchez pour un conduit sous-marin d’hydrogène vert entre Barcelone et Marseille.
Côté Investissements étrangers en Espagne, les États-Unis sont devenus le principal investisseur avec un 27,6% des flux, suivis par la Grande Bretagne (17,9%) et l’Allemagne (14%). La France se classe en quatrième position. Au total, les investissements étrangers en Espagne ont dépassé 34 milliards € en 2022 ce qui représente une bonne nouvelle pour l’économie d’un pays dont le PIB par habitant est, dans 15 des 17 communautés autonomes, inférieur à celui de la moyenne de l’UE. Seuls Madrid et le Pays basque dépassent le niveau moyen du PIB/habitant européen.
Le secteur des services a capté plus de la moitié de la totalité des investissements étrangers en Espagne, suivi par l’industrie (42,2%). Les énergies renouvelables, l’énergie éolienne et l’énergie solaire ont attiré une part importante des investissements, de même que le secteur manufacturier et celui des télécommunications.
Les investissements étrangers dans les projets greenfield en Espagne ont franchi la barre de 44 milliards $ en 2022, ce qui la place au sixième rang mondial de réception des projets verts. En 2022 l’Espagne a également consacré beaucoup d’efforts dans le domaine des énergies renouvelables et dans les projets associés à l’hydrogène propre.
Le dynamisme de la Communauté de Madrid a été plébiscité par les investisseurs étrangers. En 2022 elle a concentré 70% du total des investissements étrangers en Espagne, suivie par la Catalogne, avec 10,9%, la Navarre occupe la troisième place, le Pays basque, la quatrième. Le principal pays qui a choisi Madrid est le Luxembourg (51,3%), suivi des États-Unis (16,7%), la France restant très loin derrière avec un 3%!
Enfin, concernant l’agro-industrie, l’achat et la vente de terres agricoles par des fonds d’investissements a atteint le chiffre de plus de 150 000 fermes vendues en 2022, une augmentation de 4% par rapport à 2021. La plupart des terres sont destinées à la production d’amandes, d’olives et de pistaches.
Sources : Instituto de Comercio Exterior (ICEX), INE, CMC, Banco de España, Banque Européenne, OCDE, EL Confidencial, Expansión, Le Petit Journal, Ministerio de Industria, Comercio y Turismo.
Article très complet, j’étais loin d’imaginer la bonne position de l’Espagne dans le domaine de l’export des énergies renouvelables, des investissements étrangers.