« Créer ou ne pas créer l’e-euro ? » Le lancinant* dilemme de la BCE et des banques

* Lancinant : « qui obsède, tourmente ou importune » Le Grand Robert de la Langue Française

« La nature impose toujours aux êtres cet impérieux dilemme : s’adapter ou disparaître ».

                                                         Psychologie des temps nouveaux – Gustave Le Bon 1841- 1931

ou en plus pragmatique et incitatif : « Adapt or Die »

Le contexte

Au début août 2021 on constate que trois tendances fortes se confirment et se développent en Europe :
– Le développement des nouveaux modes de règlement, dont les cryptomonnaies
– En conséquence, l’évolution de la situation bancaire, des réseaux à la monnaie fiduciaire
– Les nouvelles utilisations des cryptomonnaies.

Or, comme nous l’avons analysé précédemment, les déclarations des autorités bancaires européennes et françaises ont été, jusqu’ici, sinon contradictoires, du moins ambigües. Ainsi, elles semblent avoir évolué de la négation pure et simple des cryptomonnaies en tant que monnaie (voir étape 2), vers la nécessité d’un e-euro mais avec un délai de réflexion à moyen terme (voir 5) 

Dans ces conditions l’Europe, volens nolens, est contrainte de considérer l’e-euro comme une nécessité, et de définir son approche, européenne nécessairement, tout en tenant compte du développement irréversible des cryptomonnaies dans le monde.

C’est pourquoi il nous a paru utile de proposer une première approche de l’e-yuan. Ainsi, le lecteur et la lectrice, pourront situer l’Europe par rapport à la géostratégie chinoise économique et planétaire que nous tenterons de décrypter dans une prochaine étape.

De fait, les tests et le développement rapide de l’e-yuan illustrent la géostratégie chinoise économique et planétaire, nouveau levier de croissance de la soft power chinoise dans « le temps long ».

Certes, le e-yuan ne menace pas, aujourd’hui, directement l’euro, car il vise avant tout la suprématie monétaire mondiale du dollar, mais l’Europe ne peut l’ignorer ni a fortiori sous-estimer ses conséquences à la fois économiques et psychologiques sur le Vieux Continent.

Et ce d’autant plus que certains de ses membres acceptent des investissements chinois qui en 2020, malgré une baisse de 45% ont encore représenté 6, 5 Mds d’euros.

En effet, l’e-yuan s’inscrit directement dans la stratégie des Nouvelles Routes de la Soie du Président Xi Jinping et en constituera le levier financier.

C‘est pourquoi l’Europe, dans sa réflexion sur l’e-euro, ne peut sous-estimer le potentiel de l’e-yuan, en toile de fond de ses travaux. Notons, sur ce plan, que la Commission européenne surveille déjà les opérations industrielles et commerciales des investisseurs chinois sur des cibles (et sites) sensibles.

« Le marché européen devrait devenir encore plus difficile à naviguer pour les entreprises chinoises à l’avenir si la Commission va au bout de sa proposition de restreindre l’accès au marché européen aux entreprises subventionnées. Elle proposait de contrôler toutes les acquisitions d’entreprises au-delà d’un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, lorsque l’acquéreur avait reçu des subventions de la part d’un État étranger faussant la concurrence » d’après

https://www.usinenouvelle.com/article/pourquoi-les-investissements-chinois-en-europe-degringolent.N1106364

Les causes du développement des cryptomonnaies

Si les cryptomonnaies se développent, ce n’est pas dû à un phénomène de mode, comme certains l’ont prétendu, mais à leur intérêt [1] par rapport aux systèmes bancaires monétaires existants.

Comme l’a souligné avec réalisme le vice-président de la Fed, Randal Quarles :
« La course à la création de monnaies numériques par les banques centrales (CBDCs en anglais pour « central bank digital currencies ») pourrait poser de sérieux risques et ne résoudra aucun des problèmes du système financier existant » (d’après https://www.capital.fr/economie-politique/cryptomonnaies-la-fed-denonce-un-effet-de-mode-malheureux-1407898)28 06 21

On remarquera la clarté de cette déclaration, peu commune dans les milieux bancaires en Europe, qui met l’accent sur l’une des causes essentielles du développement des monnaies numériques, à savoir les problèmes du système financier existant. Au demeurant au plan mondial.

En fait ces monnaies numériques visent, entre autres, à permettre des échanges et des règlements « plus vite et moins chers » que les systèmes bancaires existants, et des investissements, très volatiles et risqués, certes, mais très attirants car potentiellement très rentables, même pour des budgets modestes.

Voir ci-après/ le Bitcoin + 66 % en un mois août 2021.

Les nouveaux modes de règlement, sans billets

Le cas Visa

La stratégie du groupe Visa, qui procède de groupes bancaires, est symbolique de l’inéluctable utilisation, directe ou indirecte, des cryptomonnaies dans une stratégie bancaire grand public.

Dans son point d’étape du 7 juillet 21 2021, VISA dévoile les tendances du secteur crypto qui semblent essentielles à ses yeux : « Nous pensons que la première étape consiste à établir un pont entre les portefeuilles de cryptomonnaies et notre réseau existant de commerçants (…), dans le processus suivant :

  • Un écosystème en expansion et en évolution L’émetteur de cartes bancaires a déjà conclu des accords d’envergure avec les plus grands acteurs de la cryptosphère ;
  • Des récompenses réimaginées : au vu du succès des cartes Visa, les programmes de fidélisation des clients à travers des récompenses reversées en bitcoins et autres cryptos lors des achats semblent assez redoutables. Le précurseur de ce secteur a été Crypto.com qui est maintenant le principal émetteur de cartes cryptos ;
  • Les stablecoins passent au premier plan : avec 109 milliards de dollars de stablecoins en circulation et des centaines de milliards de volumes d’échange mensuel, il est indéniable que les stablecoins sont devenus un élément fondamental de l’écosystème. »

D’après » Cuy Sheffield, Responsable de la branche Crypto chez VISA
https://journalducoin.com/actualites/1-milliard-dollars-transactions-cryptos-visa/

On soulignera trois points :
 
1) que ces déclarations ne doivent pas être parcourues comme une simple information, mais qu’elles émanent d’un dirigeant du groupe Visa, un leader mondial des règlements par carte,
2) que les trois tendances indiquées concernent à la fois l’écosystème crypto, reconnu comme tel et non contesté, la fidélisation Visa et les stablecoins
3) que les stablecoins[2] sont considérés comme « fondamentaux » dans l’écosystème
 
Il s’agit donc d’une approche, réaliste, globale et constructive, bien loin de certaines déclarations antérieures bancaires défensives.

Les NFT et le versement des droits d’auteurs

Les NFT (Non Fungible Token) ou actifs non fongiblesdésignent des titres de propriété d’un objet numérique, quel qu’il soit, dont l’authenticité et la traçabilité sont présentées comme incontestables. Non fongible signifie que cet actif numérique n’est pas interchangeable à la différence d’un bitcoin où un jeton en vaut un autre. 

Les NFT sont très adaptés aux œuvres d’art et adoptés par les collectionneurs et les grandes maisons d’enchères, comme Christie’s et Sotheby. La technologie permet de reverser une somme d’argent à un artiste à chaque fois que l’œuvre est (re)vendue, ouvrant la voie à une nouvelle gestion des droits d’auteurs.
D’après le Figaro économique du 03 08 21

Les fermetures d’agences bancaires

La France comptait près de 39 000 agences bancaires en 2010, contre 36 519 en 2018. La décrue devrait s’accentuer à l’horizon 2021 et suivre la tendance constatée dans les autres pays européens. En Allemagne, près d’un quart des guichets ont fermé en 10 ans. Le pays ne compte plus que 33 agences pour 100 000 habitants, selon les données de la Banque centrale européenne, alors que la moyenne de la zone euro s’établit à 39,6 agences bancaires pour 100 000 habitants.

https://www.anyti.me/fr/actualites/20200424132710/la-disparition-des-agences-bancaires-saccelere

Les suppressions des DBA (Distributeurs Automatiques de Billets)

Fin 2020, l’Hexagone comptait 48.710 automates, en recul de 1610 par rapport à la même date un an plus tôt : la barre symbolique des 50.000 a donc été franchie.

« Cette diminution est concentrée sur les villes les plus peuplées et les mieux équipées, reflétant une optimisation des installations existantes dans les zones les mieux équipées », note la Banque de France.

On appréciera l’expression positive de la Banque de France pour justifier des fermetures, au demeurant imposées par la situation.

https://www.lefigaro.fr/conso/les-distributeurs-de-billets-toujours-moins-nombreux-en-france-20210716

La faible rémunération des dépôts bancaires

Les DAT (Dépôts À Terme), à 0,80 %, comparés à 1,50 à 2% d’inflation, donc de perte de capital, détournent certains particuliers au profit des cryptomonnaies.

Des fonds financiers investissent en Bitcoin

« En ce 20 juillet 2021, la tension est palpable sur le marché des cryptomonnaies, car Bitcoin (BTC) vient de passer sous la barre symbolique des 30 000 dollars (…)

Mais cette morosité n’a pas affecté les investissements de la Rothschild Investment Corporation qui a acheté des Bitcoins et de l’Ethereum, pour 10 millions de dollarpour profiter des bas cours. Une goutte d’eau par rapport à ses 1, » Mds de $ sous gestion mais qui témoigne de sa confiance pour la remontée des cours.

D’après : https://journalducoin.com/bitcoin/chute-du-bitcoin-la-panique-des-petits-poissons-permet-a-Rothschild-dacheter-toujours-plus-de-btc/

On soulignera, qu’après ce plus bas à 30 000 dollars le 20 juillet, le Bitcoin est repassé à
50 000 dollars au 23 août 2021, soit + 66% en un mois.
Ceci confirme :
1) sa forte volatilité ;
2) son intérêt psychologique et financier pour ses investisseurs, de tous niveaux.

La complexité de la réflexion sur l’e-euro

Analysée par la Commission européenne

La Présidente de la BCE, la Présidente de la Commission européenne, et la Banque de France ont publié différents communiqués qui témoignent de leurs difficultés face à la complexité de la situation des cryptomonnaies en Europe. (Voir les étapes précédentes).

On citera de plus ce communiqué, en anglais, du 14 juillet 2021 sur Twitter.

European Central Bank@ecb

(THREAD) We have decided to launch a project to prepare for possibly issuing a digital euro. We will look at how a digital euro could be designed and distributed to everyone in the euro area, as well as the impact it would have https://ecb.europa.eu/press/pr/date/2021/html/ecb.pr210714~d99198ea23.en.html…

Source https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2020-0161_FR.htmlPV 07/10/2020 – 15 CRE 07/10/2020 – 15

Face à la complexité de la situation des cryptomonnaies, conditionnant la création d’un e-euro éventuel, la commission européenne a publié la proposition de résolution dont extraits ci-dessous. 

À la lectrice et au lecteur qui s’étonneraient de la longueur de la citation que nous proposons, rappelons que :

  • d’une part, sa densité et sa teneur sont justement significatives de la complexité de la situation ;
  • d’autre part que le présent Dossier dédié aux cryptomonnaies vise à proposer une analyse et une réflexion de fond non réductibles à une lecture de You Tube en 3’ chrono.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN
 
Contenant des recommandations à la Commission concernant la finance numérique : risques émergents dans les crypto-actifs – défis liés à la réglementation et à la surveillance dans le domaine des services, institutions et marchés financiers.
Le document de la Commission en référence comporte 41 articles dont 17 consacrés aux crypto actifs.
Source
Recommandations : Considérations générales 1 à 17 extrait 9
 
9. souligne que toute mesure nouvelle ou mise à jour adoptée à l’échelon de l’Union doit tenir compte de l’évolution rapide des marchés des crypto-actifs et des offres initiales de jetons, lesquels sont en forte croissance; souligne qu’il convient de garantir des conditions de concurrence équitables sur l’ensemble du marché intérieur, en évitant les recherches de la juridiction la plus indulgente et l’arbitrage réglementaire; souligne que ces mesures ne doivent pas étouffer les possibilités de croissance des entreprises, en particulier les PME, mais offrir un écosystème durable pour la finance numérique afin qu’elle puisse se développer au sein du marché intérieur, tout en garantissant la stabilité financière, l’intégrité du marché ainsi que la protection des investisseurs et des consommateurs ;
 
Définir un cadre pour les crypto-actifs
Articles 18 à 41, extraits 18, 19, 21, 40, 41
 
18. estime souhaitable d’élaborer une taxonomie paneuropéenne complète pour les nouveaux produits tels que les crypto-actifs afin de favoriser une compréhension commune, de faciliter la collaboration entre les juridictions et d’offrir une plus grande certitude juridique aux acteurs du marché engagés dans des activités transfrontalières; souligne qu’il importe de tenir compte des cadres réglementaires et de surveillance nationaux existants; met l’accent sur l’importance de la coopération internationale et des initiatives mondiales pour l’élaboration d’un cadre de l’Union relatif aux crypto-actifs, compte tenu notamment que les crypto-actifs ne connaissent pas de frontières ;
 
19. considère qu’il pourrait être plus approprié d’élaborer un modèle de taxonomie ouvert au niveau de l’Union étant donné que ce segment du marché évolue et qu’une telle taxonomie pourrait servir de base à des mesures législatives ou réglementaires appropriées; estime toutefois qu’il n’existe pas de solution «à taille unique» en ce qui concerne la qualification juridique des crypto-actifs, et qu’il importe, par conséquent, de disposer d’un cadre permettant aux autorités de surveillance d’effectuer un suivi et de s’adapter ;
 
21. note qu’en l’absence d’une approche réglementaire commune de l’Union en ce qui concerne les crypto-actifs, les États membres ont déjà commencé à adopter des mesures législatives et de surveillance unilatérales et qu’ils sont de plus en plus poussés à agir en raison de préoccupations liées à la protection des consommateurs; souligne que des interprétations divergentes et une approche non coordonnée entre les États membres peuvent conduire à une fragmentation du marché, accroître l’insécurité juridique, compromettre l’égalité des conditions de concurrence et ouvrir la voie à des arbitrages réglementaires ;
 
40. note que l’introduction d’une monnaie numérique créée par une banque centrale s’accompagne de difficultés et de risques importants (notamment les risques en matière de stabilité financière, la garantie des dépôts bancaires, les implications pour la transmission de la politique monétaire et l’intermédiation de crédit, la substitution d’autres moyens de paiement, l’éviction d’acteurs du marché privé, etc.) qui pourraient facilement l’emporter sur les bénéfices perçus des CBDC ;

41. note que certaines des lacunes constatées dans le système européen de paiement pourraient être comblées grâce à des améliorations progressives du régime existant, notamment par un développement accru des paiements instantanés économiquement rentables ;
Quelques réflexions proposées sur ces extraits
 
En lisant ces quelques extraits, la lectrice et le lecteur pourront apprécier le double souci des rédacteurs de la Commission :
– D’une part analyser en détail les facteurs qui conditionnent l’existence et les conséquences des cryptos actifs en Europe
– D’autre part émettre des recommandations pour la Commission et le Parlement européen.
 
On soulignera en particulier les points suivants :
– L’esprit marketing : « toute mesure nouvelle ou mise à jour adoptée à l’échelon de l’Union doit tenir compte de l’évolution rapide des marchés des crypto-actifs »
– Le souci des conséquences de la réglementation : « ces mesures ne doivent pas étouffer les possibilités de croissance des entreprises, en particulier les PME, »
– Les crypto-actifs ne connaissent pas de frontières : l’accent sur l’importance de la coopération internationale et des initiatives mondiales pour l’élaboration d’un cadre de l’Union
– La nécessité d’une approche ouverte « il n’existe pas de solution
« à taille unique »[1] en ce qui concerne la qualification juridique des crypto-actifs »

– La nécessité d’une adaptation « d’un cadre permettant aux autorités de surveillance d’effectuer un suivi et de s’adapter »
– Les risques de la création d’une monnaie numérique par une banque centrale « pourraient facilement l’emporter sur les bénéfices perçus des CBDC »[2]
– Le développement des paiements instantanés : « certaines des lacunes constatées dans le système européen de paiement pourraient être comblées (…) par un développement accru des paiements instantanés économiquement rentables
 
On remarquera que certains de ces points ne figurent pas dans les déclarations de la BCE ou de la Commission, notamment le dernier qui met directement en cause, du fait de son coût, sous-entendu, des lacunes constatées dans le système européen de paiement. En effet, comme nous l’avons indiqué dans les étapes précédentes « plus vite et moins cher » est un avantage majeur des règlements par cryptomonnaies sur les règlements bancaires.

[1] Les familiers du « retail marketing » penseront au motto du retail business américain « there is no canned solution » 
[2] Monnaie Digitale de Banque Centrale (MDBC) ou Central Bank Digital Currency (CBDC) en anglais. On remarquera que dans cette version française, le rédacteur a employé l’acronyme anglais.

Les déclarations européennes

La Commission va lancer avec la Banque centrale européenne (BCE) un groupe de travail pour “clarifier les aspects institutionnels, juridiques et pratiques” de la mise en place de l’euro numérique, a indiqué Valdis Dombrovskis, pour qui il ne s’agit pas de “remplacer l’argent liquide” mais bien d’un moyen supplémentaire de payer et d’épargner, pour faire avancer la “numérisation de l’économie et de la finance”.

À quelle échéance l’Europe disposera-t-elle de cette monnaie virtuelle ? L’euro numérique sera introduit “dans les années à venir”, selon le quotidien économique allemand : la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, n’a pas voulu s’engager sur un calendrier précis alors que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a évoqué une échéance de cinq ans. Il ne s’agit que d’“une indication”, a tempéré Valdis Dombrovskis.

https://www.courrierinternational.com/article/finance-la-commission-europeenne-sengage-pour-leuro-numerique#

On appréciera la formulation très réconfortante pour les banques « il ne s’agit pas de “remplacer l’argent liquide”.

Le rejet d’une réglementation sur les cryptomonnaies 

Rapport de la BRI (Banque des Règlements Internationaux)

Le texte ci-dessous, rédigé avec le réalisme qu’induit une vue et une distanciation mondiales peut contribuer à la réflexion sur les cryptomonnaies et l’e-euro. Toutefois, on observera qu’il traite essentiellement des cryptomonnaies en tant qu’investissement et non comme monnaie de règlement.

« Rédigé par deux chercheurs de la Banque des règlements internationaux (BRI), ce rapport de recherche évoque l’inutilité d’une réglementation spécifique sur les cryptomonnaies. Les investisseurs de la nouvelle finance ont un point commun avec ceux de la finance traditionnelle et n’auraient donc nullement besoin d’une couverture juridique supplémentaire.

Une protection à l’ancienne suffit.

Les cryptomonnaies ont créé la nouvelle finance, mais leurs investisseurs seraient surtout motivés par une bonne vieille spéculation à l’ancienne ».

Il s’agit là, de l’une des conclusions de l’étude menée par des chercheurs de la BRI, Raphael Auer et David Tercero-Lucas. Les auteurs du rapport de recherche, intitulé « Distrust or speculation ? The socioeconomic drivers of US cryptocurrency investments » publié le 1er juillet 2021, estiment que les investissements dans Bitcoin et les cryptomonnaies n’ont pas besoin d’un nouveau cadre juridique spécifique :

« D’un point de vue politique, la conclusion générale de notre analyse est que, comme les objectifs des investisseurs sont les mêmes que ceux des autres classes d’actifs, la réglementation devrait l’être aussi. Bitcoin et les cryptomonnaies ne sont pas recherchées comme une alternative aux monnaies fiduciaires ou à la finance réglementée, mais constituent plutôt un objet de spéculation numérique de niche. »

Ce constat va à l’encontre des discours des personnalités politiques et des régulateurs qui veulent à tout prix sortir une nouvelle réglementation sur les cryptomonnaies, évoquant la nécessité de protéger les investisseurs face à une nouvelle classe d’actifs ».

D’après

https://journalducoin.com/actualites/banque-banques-contre-bitcoin-roi-cryptos-pas-besoin-reglementation-specifique

On notera que le titre de cette étude met l’accent sur un aspect clé des investissements en cryptomonnaies « Distrust or speculation ? » Manque de confiance ou spéculation

Les nouvelles utilisations des cryptomonnaies

Les rémunérations versées en cryptomonnaies

Loin des études, et des hypothèses sur l’e-euro, les cryptomonnaies, touchent un public de plus en plus large en Europe et en France, des stars du sport aux jeunes étudiants.

Une partie de la rémunération de Lionel Messi se fait en cryptomonnaies.

Lionel Messi, a touché une partie de son salaire au PSG en cryptomonnaies en recevant « un grand nombre de SPSG la cryptomonnaie dédiée aux fans du club sportif, d’où un aspect spéculatif sur sa rémunération.

Le jeton SPSG qui valait 43 dollars est passé à 50 dollars[3] après l’engagement de Messi.
D’après le Figaro économique 13 08 21

On pensera à l’effet d’un achat d’Elmon Musk sur le cours du Bitcoin (voir étape 7).

Le bitcoin, nouvel eldorado pour les jeunes français ?

Selon un sondage IFOP de février 2021, 32% des jeunes Français de 18 à 24 ans ont déjà réalisé ou souhaiteraient investir dans des cryptomonnaies. La moyenne nationale sur l’ensemble des Français, se situe plutôt autour des 17% ;

En plus de vouloir préparer leur avenir, les jeunes voient dans les cryptomonnaies un moyen de s’affranchir des institutions financières traditionnelles. (Voir « manque de confiance » distrust, ci-dessus KryptoSphère)

Selon Claire Balva, Directrice blockchain et cryptos au cabinet KPMG « pour comprendre le fonctionnement des cryptomonnaies, il faut faire un véritable effort d’acculturation »

C’est pourquoi l’association étudiante KryptoSphère, créée en 2017, présente dans 9 écoles s’est donnée pour mission d’avertir les jeunes des risques potentiels. Aujourd’hui, KryptoSphère, compte 273 membres répartis dans toute la France dont 90 % ont moins de 25 ans.
D’après le Figaro économique 09 08 21

Source complémentaire La monnaie numérique des banques centrales P 36 -37 questions internationales No 102 juillet août 2020 Yves Génier Journaliste économique. 

Qu’en conclure pour l’e-euro ?

Le développement des cryptomonnaies est aujourd’hui incontestable. Les Cassandre qui allaient jusqu’ à en nier l’existence en tant que monnaie ne peuvent que prendre acte de la réalité des faits et des mouvements de capitaux qui échappent aux réseaux bancaires sous des formes de plus en plus diversifiées.

Toutes sont adaptées aux besoins des utilisateurs, des étudiants aux sportifs ou grands collectionneurs et communautés de joueurs contestant le système bancaire.

Face à cette situation qu’elles ne peuvent maîtriser, les institutions bancaires, notamment BCE et BDF ont semblé défendre un système de règlementation, sans le concrétiser.

Puis leurs positions ont évolué vers la création à terme (5ans) d’un euro numérique, sans pour l’instant en définir les caractéristiques.

Or c’est bien là que se situe le dilemme de la BCE et des banques :
 
– soit la BCE crée un e-euro, une monnaie numérique, qui apporte les mêmes avantages que les stablecoins[4] existants ou en développement, donc des transactions plus rapides et moins chères que les réseaux bancaires traditionnels. Mais dans ce cas, les banques perdent une source importante de recettes, d’où la nécessité d’ajuster leurs réseaux au volume d’activité. En clair réduire les effectifs et le nombre d’agences. Ce qui paraît actuellement inenvisageable ;
– soit la BCE crée un e-euro, une monnaie numérique, mais dont les conditions d’exploitation, favorables aux banques sous l’angle du profit, ne le sont pas aux yeux des utilisateurs qui, eux, recherchent « des transactions plus rapides et moins chères » Dans ce cas cet e-euro n’est pas compétitif par rapport aux stablecoins existants, et donc à la fois inefficace et non rentable.

[1] À tous les sens du terme…
[2] Voir caractéristiques stablecoins et bitcoin dans étapes 1, 2 et 3.
[3] On notera que ces jetons sont chiffrés en Dollars pour une activité de L. Messi dans un club français.
[4] Il s’agit bien de stablecoins et non de bitcoinsl.


2 réflexions au sujet de “« Créer ou ne pas créer l’e-euro ? » Le lancinant* dilemme de la BCE et des banques”

  1. merci pour cette analyse… mais qui ne me parait pas complètement toucher le coeur du sujet… voila pourquoi :
    si demain je vous propose d’acheter votre votre appartement parisien estimé à 1 million d’euros avec un billet du prochain tirage du loto, vous seriez sans doute dubitatif…
    même si j’essaie de vous convaincre que l ‘espérance de gain peut être dix ou 20 fois la valeur du bien… certes avec un risque de perte extrême égal à 0 au tirage et que je vous affirme que ce risque est proche de celui d’un effondrement soudain de la valeur de la monnaie institutionnelle l’euro…
    C’est cela une cryptomonnaie, une pseudo monnaie et un vrai crytoactif de spéculation ce qui emporta jadis la tulipomania et autres construction de Ponzi ..
    amitiés
    Jean-Louis Chambon

    Répondre
  2. Merci pour votre commentaire, il répond bien à l’un des buts de mon dossier Cryptomonnaies : susciter des échanges sur un sujet objet de controverses, souvent d’incompréhension et dont les implications sociétales , politiques et corporatives (réactions des banques) sont multiples.
    En fait, il m’est apparu dans les quelque 70 pages des 8 étapes de mon dossier cryptomonnaies que celles ci , à l’image des huit bras du Dieu Kali , avaient., pour le moins, trois cœurs qui constituaient un triple attrait : Libertaire, Ludico-social et financier (voir les 8 p de l’étape 1.) Quant au risque de perte de capital il est réel , mais ce même risque ailleurs ( pierre papier, capital ou intérêt non garantis..)De plus, les statistiques montrent que tous les investisseurs en bitcoin (le leader des quelque 2000 cryptomonnaies) qui les ont conservés 3 ans ou moins sont toujours gagnants en capital. Depuis un an les chiffres (voir les 7 étapes) corroborent cette affirmation .Enfin votre comparaison avec la « pyramide de Ponzi » n’est pas fondée, car le fonctionnement du Bitcoin est collectif, au profit mais aussi au risque, de tous, alors que le système Ponzi est une escroquerie initiée par un seul individu à son seul profit ,au détriment de tous les souscripteurs. Voir processus et exemples du bitcoin dans les étapes 1 à 8.Je prépare actuellement l’étape 9 qui analysera l’expansion actuelles des cryptomonnaies, au-delà des simples investisseurs mais chez les grandes entreprises financières comme PayPal et autres.
    Bien amicalement, Jacques Dioux

    Répondre

Laisser un commentaire