La finance verte, en plein essor, fait partie des préoccupations relatives à l’économie durable et au changement climatique. Elle continue de gagner du terrain auprès des consommateurs.
La finance verte est une des composantes de la finance durable. Les autres composantes sont : l’investissement socialement responsable (ISR) qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable, quel que soit leur secteur d’activité ; la finance solidaire et le « social business » qui revêt trois formes principales : la microfinance, « l’impact investing » et les « social impact bonds » (SIB).
Les défis de la finance verte
Comme le souligne la Caisse des Dépôts dans un dossier intitulé « La finance verte pas assez verte ? », « la crise de la Covid-19 a démontré le manque de résilience de nos sociétés face à des aléas que nous ne maîtrisons pas, et nous invite à regarder d’un nouvel œil le monde qui nous entoure. Le domaine de la finance n’échappe pas à ce mouvement de fond ». Les notions comme « obligation verte », « finance responsable », estimées marginales pendant longtemps, font désormais partie du langage financier courant.
Le concept de finance verte regroupe l’ensemble des opérations financières visant à soutenir le développement durable et à favoriser la transition énergétique et écologique pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle a deux dimensions : d’un côté le financement de la transition bas-carbone et de l’autre, l’allocation du capital pour la transition.
La pression des consommateurs pour une finance verte
Nous observons qu’avec la crise sanitaire, la pression des consommateurs pour inciter les entreprises à s’engager vers la neutralité carbone s’est accélérée. Face à cette pression et au développement de la finance verte, les entreprises vont devoir s’adapter à l’évolution des comportements des consommateurs et des acteurs financiers. De plus en plus d’établissements financiers, dont BNP Paribas, ont décidé de ne plus financer les projets d’extraction du pétrole et du gaz de schiste.
Les directeurs administratifs et financiers au sein des entreprises doivent être au rendez-vous pour saisir les opportunités de la finance verte comme la création de nouvelles formes de financement et la diversification des capitaux.
Au total, comme le rappellent Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel dans leur ouvrage, qui vient d’être primé lors du 34éme prix Turgot, intitulé « Le pouvoir de la destruction créatrice », « outre le rôle important à jouer de la société civile pour inciter les entreprises à innover dans les technologies vertes, il y a également tout ce qui tourne autour de la responsabilité sociale des entreprises, et de la responsabilité sous-jacente des banques centrales et des banques commerciales ». S’agissant des banques centrales, les auteurs soulignent que ces dernières« incitent les banques commerciales à rendre les prêts aux entreprises conditionnels à leur bilan carbone ».
La finance verte, un levier pour stimuler la croissance
Selon le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, « le changement climatique avec toutes ses conséquences sur l’environnement impose une transformation profonde de notre économie vers un nouveau modèle de croissance soutenable s’appuyant sur la finance verte ». Pour l’OCDE, la finance verte constitue un mode de financement destiné à « réaliser la croissance économique tout en réduisant la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, en minimisant les déchets et en améliorant l’efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles ».
Principaux instruments de la finance verte
Pour atteindre ses objectifs, la finance verte couvre une large gamme d’instruments financiers. Dans cet article, nous retiendrons les obligations vertes et les investissements à impact.
Obligation verte ou green bond
Les obligations vertes restent l’instrument financier principal de la finance verte. La première obligation verte ou environnementale a été émise en 2001 à San Francisco (Etats-Unis) pour financer l’électricité solaire. De son côté, la France a commencé à émettre des obligations vertes en 2012.
Il s’agit d’un titre de dette émis sur le marché financier par une entreprise privée ou un organisme public afin de lui permettre de financer ses activités ou projets contribuant à la transition écologique.
« 2021 sera l’année des obligations vertes » titre le Journal les Echos du 13 janvier 2021. Les montants de ces obligations devraient enregistrer des niveaux records après une faible hausse en 2020. En 2019, La France restait le premier émetteur d’obligations vertes devant les Pays-Bas, les USA et la Chine.
Investissement à impact ou « impact investing »
Le concept « d’investissement à impact », né en 2007 dans les pays anglo-saxons, se développe très fortement en France depuis dix ans.
D’après l’international Finance Corporation – « The Promise of Impact Investing (2019) – l’investissement à impact est un « investissement réalisé dans des entreprises ou des organisations avec l’intention de contribuer à un impact positif social ou environnemental mesurable et de générer un rendement financier ».
La différence majeure entre investissement à impact et investissement socialement responsable (ISR) se situe au niveau du retour sur investissement (ROI). Pour l’ISR, la performance prime sur l’impact sociétal alors que pour l’investissement à impact, c’est l’inverse : l’impact sociétal passe avant la performance.
Face à l’engouement pour la finance verte, il faut rester vigilant eu égard aux pratiques illicites qu’elle engendre dont celle de l’écoblanchiment ou écologie de façade.
L’écoblanchiment (« greenwashing ») qui consiste en une « utilisation fallacieuse d’arguments faisant état de bonnes pratiques écologiques dans des opérations de marketing ou de communication » (Larousse) a fait l’objet de nombreux scandales entraînant la méfiance de la part des consommateurs. Lors d’une opération « coup de balai » lancée par la Commission européenne, il est apparu que, pour 42% des sites de commerce électronique, les arguments écologiques mis en avant pour se donner une image éco-responsable seraient « exagérés, faux ou fallacieux et pourraient éventuellement être considérées comme des pratiques commerciales déloyales en vertu des règles de l’Union européenne ».
A ce risque d’écoblanchiment, il faut rajouter celui de l’appropriation de la finance verte par une certaine idéologie, partisane de la décroissance.