Quel est impact de la pandémie sur le management des Etats et des Entreprises ?

Avec la crise engendrée par la pandémie, les années 2020 et 2021 auront permis de voir émerger des styles de management plus humanistes et inattendus de la part de certains dirigeants privés ou publics, mais aura vu s’effondrer des managers englués dans leurs certitudes et la distanciation sociale. 

Les expériences de la NASA ont démontré que le stress provoqué par le confinement pouvait conduire les personnes les mieux préparées à prendre des décisions inadaptées. Beaucoup de personnes sont déstabilisées par des directives successives et contradictoires. Il en résulte parfois une perte de confiance en soi-même et envers les autres dans des situations exceptionnelles.

Vers la création d’une dette souveraine européenne

Cette crise renforce la validité de la Modern Monetary Theory (MMT) tant critiquée par tous les économistes traditionnels omniprésents dans les médias. Cette théorie monétaire soutient que l’on peut, tant que l’on a des projets d’investissement et du personnel qualifié disponible, augmenter les déficits publics ou privés sans risquer la faillite. Depuis la crise de 2008 les taux d’intérêt restent bas ou négatifs. C’est le moment, où il faudrait construire une union budgétaire européenne afin de mettre fin à la seule anomalie de la création de l’Euro. L’Euro serait enfin l’équivalent du dollar. Les Etats-Unis ne jouiraient plus seul d’un « privilège de confiance mondiale» à toute épreuve. Tous les créateurs d’angoisses disproportionnées et les catastrophistes non éclairés se sont copieusement trompés. La Réserve Fédérale a racheté les créances des banques sans dérapage de l’inflation. Les Etats peuvent laisser filer les déficits sans problème sous réserve de financer principalement les innovations de rupture comme l’ARN messager (ARNm) et les infrastructures. Le Japon, dont l’endettement atteint presque 2,4 fois la richesse annuelle produite n’a pas connu un regain d’inflation. La Covid doit devenir un accélérateur de croissance de la construction monétaire européenne par la création d’une dette souveraine européenne.

Retrouver une croissance forte aux Etats-Unis et en Europe

Les marqueurs sociaux changent dans un univers dominé par la réduction de nos libertés. Chaque manager est confronté à la complexité de la situation actuelle à la fois révélatrice de nos faiblesses endémiques mais aussi d’une multitude d’opportunités. L’analyse des données chiffrées et textuelles sont l’objet de multiples interprétations contradictoires. Les managers se sont déjà accommodés depuis longtemps à la lourdeur des contraintes administratives. La plupart d’entre eux ont fait preuve de créativité dans l’organisation du travail au sein de leurs entreprises dans une période aux incertitudes multiples.

Les managers ont eu la force de changer tout ce qui pouvait l’être, tout en supportant ce qui ne dépendant pas d’eux. En attendant la levée des contraintes imposées par la puissance publique, il faut tenir dans la durée, accélérer la digitalisation des entreprises, transformer les modes de travail et protéger les salariés en attendant une croissance forte. Les dépenses à venir des Etats seront gigantesques : 1 900 milliards de dollars du plan de relance adopté le 11 mars 2021 aux Etats-Unis s’ajoutent aux 900 milliards débloqués par Donald Trump adopté le 27 décembre 2020, aux 2200 milliards de Coronavirus Aid, Relief and Economic Act adopté le 27 mars 2020 et peut-être 3000 milliards d’investissements supplémentaires dans les infrastructures, alors que l’Europe peine à débloquer 160 milliards d’euros. Ils seront des facteurs de soutien à la croissance. Les Etats qui profiteront le plus de cette croissance seront ceux qui n’auront pas pris trop de retard dans la vaccination. L’immunité collective sera le principal vecteur de différentiel de croissance en 2021. L’immunité collective restaurera la confiance. Elle aura pour effet de libérer les excès d’épargne.

Vers un financement public-privé du risque

Dans un monde incertain mais avec un environnement montrant des perspectives économiques et financières encourageantes, j’évoquerai qu’il vaut mieux se fier aux données qu’aux points de vue. Les êtres humains acceptent des idées qui confirment leurs biais cognitifs et servent leurs intérêts du moment, tout en cherchant des explications à des résultats non conformes aux attentes des actionnaires. Les approches trop technocratiques ont montré aussi leurs limites. Heureusement, le politique est là aussi pour prendre des risques et faire des arbitrages en fonction de l’intérêt général. Le risque, la science et l’industrie restent les moteurs du progrès. L’audace européenne reste un exemple avec la commande commune de vaccins alors que la santé n’était pas de sa compétence. Moderna a conçu son vaccin en 42 jours, ce qui est une des plus belles réussites scientifiques contemporaines. Et pourtant la Biotech avait une chance sur 1000 de réussir par rapport aux « Big Pharma ». La France produira 250 millions de doses d’ici la fin de l’année sur 5 sites industrielles. En 2022, elle aura un site de production pour l’ARN messager. En 2023, nous aurons un vaccin ARNm 100% français. Tout ce qui a été réalisé dans la bataille contre le coronavirus aux Etats-Unis et en Europe, l’a été avec des fonds publics et privés. Les milliards dépensés dans les technologies de rupture dans le domaine de la santé auront pour effet, en particulier avec la technologie ARN, de développer de nouvelles voies de traitements pour les cancers et les maladies rares.

Laisser un commentaire