La hausse spectaculaire du commerce électronique, résultant notamment de la crise de la Covid-19, fait l’objet de questionnements sur son impact environnemental. Qu’en est-il d’un commerce électronique éco-responsable ?
Le développement durable s’inscrit dans une démarche globale de responsabilité de l’entreprise, que l’on retrouve dans les politiques de Responsabilité Sociale et Environnementale de l’Entreprise (RSE). Il s’agit de nouvelles règles économiques qui fixent les obligations de s’engager dans une politique de développement durable.
Aujourd’hui, les problématiques environnementales se retrouvent au cœur des préoccupations prioritaires des Français. L’écologie est désormais l’affaire de tous, commerçants comme consommateurs. Une étude d’Ernst and Young (YE) dévoile que « les Français prennent davantage en compte des critères de développement durable dans leurs achats (61 %) que ceux des autres pays développés (50 %). Dans le même temps, le commerce électronique représente en 2021, 13,4 % du commerce de détail selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD). En 2019, cette part était de 9,8 %. Cette hausse spectaculaire du commerce en ligne résulte notamment de la crise de la Covid avec son cortège de mesures sanitaires (confinement, couvre-feu, etc.).
Un premier questionnement qui fait débat est celui de l’impact environnemental du commerce en ligne par rapport au commerce traditionnel.
Achat commerce en ligne versus achat physique : quel est le plus écologique ?
Acheter en ligne, est-ce plus ou moins écologique qu’acheter en magasin ? Dans une étude commandée par Amazon et intitulée « Le e-commerce : une bonne chose pour l’Europe – Etude d’impact économique et environnemental », Oliver Wyman révèle que la France « consomme 400 g de Co2 pour le e-commerce contre 600 g pour le commerce traditionnel, soit 1,5 fois moins ». De son côté, la FEVAD, ayant souhaité mesurer l’impact sur l’environnement du commerce électronique, a chargé le cabinet d’études Estia d’établir un bilan carbone du commerce en ligne à partir d’une analyse comparative entre l’achat en ligne et l’achat en magasin. La conclusion de l’étude est la suivante : « Le nouveau modèle de vente en ligne, qui se traduit par une réorganisation des déplacements des particuliers, va diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 ».
Cela étant, quid du coût énergétique d’une recherche sur internet, des tonnes d’emballages individuels par rapport à la vente physique, des livraisons express qui constituent un véritable fléau, etc. ?
L’essor du commerce électronique produit de nombreux impacts sur l’environnement
L’accélération de la croissance du commerce en ligne suscite de vives controverses quant à son impact sur l’environnement, l’aménagement du territoire, l’équité concurrentielle et fiscale ainsi que l’emploi.
Concernant le bilan de la vente en ligne sur l’impact environnemental, d’aucuns parlent de « bilan calamiteux », « d’illusion environnementale ». Qu’en est-il exactement ?
L’augmentation du commerce en ligne, amplifiée par la crise de la Covid-19, a entraîné notamment d’importants besoins en logistique : une hausse des surfaces d’entreposage et un fort développement des livraisons, comme le souligne un rapport de France Stratégie de février 2021 intitulé « Pour un développement durable du commerce en ligne ».
S’agissant du développement des entrepôts, celui-ci participe à l’artificialisation des sols. D’après le rapport de France Stratégie, « cette artificialisation des sols porte sur environ 20 000 ha par an en France et a un impact négatif sur la biodiversité, la gestion des eaux pluviales, la réduction des terres agricoles et la pollution acoustique et visuelle.
Pour ce qui est du développement des livraisons, les auteurs du rapport de France Stratégie appellent à la prudence face au volume des livraisons (un milliard de colis par an), essentiellement à domicile, « qui peuvent générer des émissions de gaz à effet de serre et des particules fines, aux conséquences sanitaires majeures ». De même, selon une étude menée aux Etats-Unis par Axios, la livraison rapide serait en train de détruire les vertus écologiques du commerce électronique. Selon une autre étude menée par le fabricant de cartons DS Smith, les livraisons liées au commerce en ligne subissent également le problème des colis à moitié vide. Ainsi, selon ce fabricant, chaque année le transport de colis avec des espaces vides correspond à 122 millions de tonnes de dioxyde de carbone émises. Cet impact est d’autant plus préjudiciable que, pour certains produits, la part de vide dans l’emballage dépasse les 50 %. Cela étant, l’impact environnemental des livraisons du commerce électronique résulte du choix du mode de livraison privilégié par le consommateur. Ainsi, un colis livré en point de dépôt ou point relais aura une incidence plus faible qu’un colis livré en express à domicile.
En résumé, la livraison serait la croix du commerce électronique durable à cause de deux facteurs : la production des déchets et l’empreinte carbone du transport.
Comment rendre le commerce en ligne éco-responsable ?
Pour un développement durable du commerce en ligne, les experts du rapport de France Stratégie préconise les mesures suivantes : 1) renforcer l’équité concurrentielle au niveau européen et français et mieux internaliser les coûts environnementaux ; 2) mieux prendre en compte la logistique, ses entrepôts et ses flux, dans l’aménagement territorial pour réduire les externalités négatives du commerce en ligne ; 3) encourager la numérisation des acteurs économiques français (commerçants, industriels, artisans, agriculteurs) afin de promouvoir un commerce en ligne durable ; 4) créer un label « commerce en ligne durable ».
En juillet 2021, le gouvernement a réuni quinze acteurs du commerce électronique dont Cdiscount, EBay, Fnac-Darty, la Redoute, Rakuten, ainsi que la FEVAD, pour les inciter à réduire leur empreinte environnementale. Amazon, qui participe largement au fléau écologique des retours de colis, est absent de la liste ! Ces acteurs du commerce en ligne ont signé une charte d’engagement visant à : 1) sensibiliser et informer le « consom’acteur ; 2) réduire les volumes d’emballage et favoriser le réemploi ; 3) s’appuyer sur une logistique respectueuse de l’environnement (entrepôts et livraisons).
Pour conclure, rappelons que parmi les principales tendances du commerce en ligne pour 2022 figure celle relative à l’économie circulaire au service du commerce électronique. Ainsi, le groupe Rakuten France, pionnier du monde du commerce en ligne, ambitionne de devenir la première plateforme de l’économie circulaire. En d’autres termes, le commerce électronique pourrait devenir le moteur de l’économie circulaire.
Bravo. Toujours bien informée, il faut continuer.
Bien cordialement.