Le bitcoin : un triple attrait libertaire, ludico-social et financier

Le bitcoin[1] a été créé en 2009 par une ou plusieurs personnes sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. C’est une monnaie dont la création et la gestion reposent sur l’utilisation des nouvelles technologies, informatique et télécommunications. Le bitcoin est, comme l’Ether et le Ripple, une monnaie virtuelle ou crypto-monnaie. Il ne fait l’objet d’aucune définition juridique. Il peut remplir les fonctions économiques de la monnaie, à savoir la triple fonction de mesure, de paiement et d’échange.

La blockchain est le protocole associé au bitcoin. Le terme couvre des registres décentralisés permettant de réaliser des transferts de propriété dans le réseau Internet sans avoir recours à un tiers de confiance.[2]

Outre sa haute sophistication informatique[3], jamais prise en défaut à ce jour, la puissance du bitcoin est fondée sur le comportement psychologique, à la fois libertaire, ludique, social et financier de ses acheteurs.

Un triple attrait

Libertaire

Né après la crise financière de 2008, le bitcoin promeut un idéal libertaire et ambitionne de renverser les institutions monétaires et financières traditionnelles.

En effet, le bitcoin s’affranchit des monnaies fiduciaires et des banques centrales et organismes qui les régissent. De plus, le bitcoin est disruptif car il crée « une véritable rupture au sein d’un secteur d’activité en renouvelant radicalement son fonctionnement »[4] . Or ce comportement disruptif, beaucoup plus large que l’idéologie libertaire, touche aujourd’hui le grand public et les entreprises.

Ainsi, dès 2018 « Être ou ne pas être disruptif ? » était le thème de la 4ème édition du Crea Luxury Day, à Genève qui réunissait plus de 400 personnalités du monde économique, médiatique et de l’univers du luxe.

D’emblée Alexandre Wehrlin, Directeur du Master Luxe CREA Genève, a déclaré « La Suisse va-t-elle se faire disrupter par ses concurrents, qui s’adaptent souvent plus vite qu’elle aux enjeux du marché ? ».[5]

Ludique

Le concept permet à des passionnés d’informatique de « miner [6]» pour tenter d’acquérir des bitcoins en récompense. Or la complexité de ce minage est telle qu’il s’apparente à la conquête du Graal. C’est d’ailleurs ce qui en fait l’attrait pour des jeunes fans d’activités « ludico-informatiques » et de communautés sur Internet, même si le rapport gain/coût est médiocre. Certains sites[7] proposent d’ailleurs des fiches ludiques sur « les nouvelles monnaies virtuelles ».

Social

Le bitcoin et d’autres cryptomonnaies sont pour certains adeptes une activité sociale[8] quotidienne. Ainsi, un étudiant en informatique déclare : « Tous les matins, je fais le tour de l’actualité des cryptomonnaies pendant une heure. Et puis j’échange des bons plans avec d’autres investisseurs sur des forums spécialisés. Au total, cela doit me prendre pas loin de trois heures par jour ». [9] Il a ainsi gagné une centaine d’euros en quatre mois. C’est pourquoi chez Coinhouse[10], la transaction minimum à 50 euros (soit un millième de bitcoin à 50 000 €) permet de toucher un très large public. »

Financier

La valeur du bitcoin étant fondée essentiellement sur l’offre et la demande[11], n’est garantie par aucun actif, ni organisme et à ce titre le bitcoin est qualifié de placement à risques.[12] Cela étant le cours du bitcoin depuis sa création est toujours reparti à la hausse, même après des baisses qualifiées de krach. Or, l’attrait financier est d’autant plus fort que l’argent disponible est mal ou pas rémunéré par les banques, donc menacé.

Il est d’ailleurs très significatif d’observer que le bitcoin a été créé après la crise financière de 2008 (subprime) et que sa « folle ascension » a été déclenchée par la crise sanitaire de 2020 (Covid 19).

Comme l’a déclaré Elon Musk sur Twitter : « Quand la monnaie souffre d’un taux d’intérêt négatif, il faudrait être idiot pour ne pas regarder ailleurs », a-t-il argumenté, ajoutant que le « bitcoin [était] presque aussi nase que la monnaie fiduciaire – j’insiste sur le “presque” ».[13]

(On appréciera le « presque », au second degré).

Son investissement d’1,5 milliard de dollars en bitcoins en février 2021 a immédiatement entrainé une hausse de 33% du cours, due à des millions de petits acheteurs influencés par sa décision médiatisée.[14]


[1] De « bit », unité binaire de quantité d’information et « coin », pièce de monnaie. Le Bitcoin, avec un B majuscule, désigne le logiciel open source créé par Satoshi Nakamoto (pseudonyme) en 2008.

[2] D’après https://actu.dalloz-etudiant.fr/focus-sur/article/les-bitcoins/h/dccab353ca38adb6f88967f7278efb19.html

[3] Pour une analyse approfondie du concept, voir https://interstices.info/bitcoin-la-cryptomonnaie/

[4] Disruptif selon le Larousse.

[5] D’après https://www.creageneve.com/2018/10/29/etre-ou-ne-pas-etre-disruptif%E2%80%89/29/10/2018

[6] « Mineur » : une personne qui effectue des calculs informatiques donnant lieu à une récompense en bitcoins. 

[7] http://www.slate.fr/story/191412/2020-investir-cryptomonnaies-bitcoin-blockchain-monnaies-virtuelles

[8] « 37% des investisseurs déclarent avoir entendu parler ou découvert les cryptomonnaies via Facebook ou Twitter » https://www.capital.fr/entreprises-marches/cryptomonnaies-6-7-des-francais-en-detiendraient-1312677

[9] https://www.europe1.fr/economie/folie-du-bitcoin-qui-sont-les-acheteurs-et-pourquoi-investissent-ils-4026793

[10] https://www.coinhouse.com/fr/ Le premier acteur français enregistré auprès de l’AMF.

[11] La valeur dépend aussi du nombre de bitcoins existants, limité à 21 millions d’unités et d’autres facteurs.

[12] On remarquera que c’est aussi le cas de nombreux placements reconnus et vendus par les banques, comme les SCPI, dont ni le capital, ni les intérêts ne sont garantis et dont les rendements et la valeur des actions, fondés sur l’immobilier d’entreprise, ont fortement souffert du fait de la crise sanitaire.

[13] https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/20/le-marche-du-bitcoin-depasse-les-1-000-milliards-de-dollars-faisant-craindre-l-explosion-de-la-bulle_6070665_3234.html

[14] Un bitcoin peut se diviser jusqu’à la huitième décimale, soit 0,00000001 BTC. On appelle cette unité un Satoshi en référence à son inventeur, Satoshi Nakamoto.

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