Le 4 mars 2021, l’Académie des Sciences Commerciales a décerné, pour la première fois – en ligne et en présence de nombreux internautes – ses Prix Télévisuels. Ceux-ci visaient à distinguer les meilleurs documentaires Télévision 2019/2020 sur le commerce et le marketing.
La sélection du jury
Le jury composé de professionnels a sélectionné, parmi une cinquantaine de documentaires visionnés tout au long de l’année, quatre lauréats sur la base notamment des critères d’originalité, de qualité de réalisation et de valeur pédagogique.
Le palmarès de cette première édition est particulièrement riche, il est le reflet de l’évolution constante du commerce et du marketing et met en exergue des évènements et des initiatives qui, tout au long des décennies, ont fait progresser cette activité majeure des civilisations modernes.
- Le Prix Pierre Hazebrouck, fondateur de l’Académie, récompense le documentaire « l’histoire glamour de Dim ». Il démontre le rôle essentiel de la créativité produit et packaging et sa communication publicitaire originale (paroles, images et musique !) dans son succès commercial.
- Le Prix du Président remis pour « Le monde parfait » illustre brillamment et concrètement la place qu’a prise le commerce moderne dans la vie quotidienne des citoyens et des consommateurs. Le commerce moderne n’est plus seulement un lieu d’échanges de marchandises et de services, il est devenu sociologiquement un lieu de vie, une façon de vivre ensemble pour tous.
- Le Prix « Coup de cœur » attribué à « Darty, une histoire de confiance » met en lumière le moteur essentiel des progrès du commerce et du marketing, en l’occurrence dans les années 60 du XXe siècle, que sont l’esprit d’entreprise, l’imagination et la prise de risque, l’audace d’explorer avec succès de nouvelles voies pour attirer, satisfaire et fidéliser le client. Ainsi, un service après-vente efficace, une politique de prix originale, une relation étroite et de confiance avec le client illustrent cette démarche.
- Enfin, le Grand Prix du Jury a été décerné à un documentaire tout à fait exceptionnel : « Au bonheur des dames, l’invention du grand magasin ». Il relate comment est née au XIXe siècle une nouvelle ère pour le commerce .On comprend ainsi comment le génie d’un homme, Aristide Boucicaut, sa vision, sa détermination ont ouvert cette nouvelle ère du commerce en grand magasin, suivie dans le monde entier, qui, 170 ans plus tard, devrait continuer à prospérer malgré la concurrence des autres formes de commerce et notamment l’e-commerce.
La Cérémonie
Le florilège
Les meilleurs documentaires sur le commerce et le marketing pour 2019-2020
Les quatre Prix décernés.
AU BONHEUR DES DAMES, L’INVENTION DU GRAND MAGASIN
« Un des changements majeurs dans la vie des Français au milieu du XIXe siècle ».
En 1852 Aristide Boucicaut et son épouse Marguerite ouvraient les portes du premier « grand magasin » à Paris.
Ce documentaire réalisé par Christine Le Goff et Sally Aitken retrace d’abord l’historique de cette création dans le domaine de la vente au public : l’ancêtre de notre « B to C » ! fondé essentiellement sur trois révolutions dans l’art du commerce :
- l’affichage du prix (plutôt bas et fixe) qui ainsi ne se faisait plus à la tête de la cliente ;
- la possibilité de toucher le produit, avant même de décider de l’acheter ;
- l’acte de vente présidé par une vendeuse, métier auparavant réservé aux hommes.
La deuxième partie du documentaire est dévolue (et c’est là un nouvel éclairage) à ce bouleversement autour des femmes.
D’abord les clientes qui tout d’un coup ont l’impression d’être libérées : plus besoin de tergiverser avec un homme que l’on ne connait pas, de débattre le prix d’un produit que l’on peut enfin toucher. C’est un épanouissement, on s’y sent bien, on sait que l’on peut en sortir sans complexe, même si l’on n’a rien acheté ! Le libre accès permet de revenir le lendemain pour s’assurer d’une couleur ou d’un ruban, enfin de suivre la mode, que l’on appelait encore la vogue. L’envie d’acheter ayant été multipliée, la cliente peut se laisser aller, quelquefois au-delà de ses moyens, la poussant jusqu’au surendettement, voire la kleptomanie !
Autre catégorie, révélée soudainement : celle des vendeuses. Jusqu’alors les jeunes femmes n’avaient pas d’autre horizon que de se marier, d’aider sa famille paysanne ou devenir bonne à tout faire ou nourrice. La voilà au Bon Marché avec un statut, un dortoir décent où vivre, des collègues, des possibilités de promotion et, pour nombre d’elles, la possibilité d’être dans La Capitale.
Que d’évolutions grâce à une telle innovation qui a révolutionné l’existence de bien de nos anciens !
Les enseignants peuvent visionner le documentaire sur Lumni via la plateforme Educathèque ou sur https://www.dailymotion.com/video/x2nirt0
L’HISTOIRE GLAMOUR DE DIM
L’histoire glamour de Dim, du réalisateur Eric Bitoun, met en lumière une image publicitaire de la femme française très éloignée de celle véhiculée par la publicité des années 1950 (marques Frigidaire ou Moulinex). La femme quitte sa seule fonction de ménagère pour devenir une femme libre et indépendante. L’histoire de la marque DIM suit cette émancipation des années 60, décennie qui permet aux femmes, dont le niveau de formation s’accroît, de travailler sans avoir à demander l’autorisation de leur mari, d’obtenir l’égalité devant la loi et d’accéder à la contraception et donc maîtriser leurs natalités.
Le document retrace dans un premier temps l’évolution de la lingerie féminine, celle des bas en nylon et des bas avec couture pour arriver à la création de DIM.
A une époque où les françaises « s’endimanchaient », Bernard Giberstein, fondateur de la marque, crée en 1958 « le bas du dimanche », dont le diminutif est à l’origine de DIM. C’est avec la création du collant dans les années 1960 que DIM va permettre à la femme française et étrangère de trouver une grande liberté de mouvements tout en affichant très nettement sa féminité.
A une époque où le combat pour la liberté des femmes se mondialise, le collant DIM marque cette période et accompagne en même temps la révolution vestimentaire de la mini-jupe de Mary Quant et d’André Courrèges.
Le succès de ce collant fabriqué à Autun en Bourgogne est porté et stimulé par une publicité joyeuse, dynamique et jeune, dont la musique deviendra mythique, inoubliable et iconique !
Le documentaire est disponible en achat DVD sur le site de Skopia Films ou à la FNAC.
LE MONDE PARFAIT
Ce documentaire réalisé par Patric Jean est une « plongée-reportage » dans l’immense centre commercial le Polygone à Narbonne. Il est représentatif des centaines de centres commerciaux similaires en France, avec leurs innombrables boutiques, leurs grandes surfaces, leurs aires de jeux et de distraction, leurs restaurants… Le documentaire met en scène comment les centres commerciaux sont devenus de véritables lieux de vie.
Certes, on y fait (éventuellement !) ses courses, mais surtout petits et grands s’y promènent, rencontrent leurs amis dans les allées, certaines végétalisées et au bord de bassins poissonneux…
On voit et on suit un senior oisif passant ses journées dans le centre, rencontrant ses nombreuses connaissances, notamment féminines et trouvant ainsi un remède à sa solitude, comme un bon nombre d’autres visiteurs.
Le documentaire dévoile aussi « l’envers du décor » avec le Directeur et son équipe qui s’affairent pour faire fonctionner dans tous les détails cette machine complexe et bien huilée qu’est leur centre commercial. On y voit aussi la vie harassante des vendeuses en boutique, des serveurs de restaurants, et bien sur les innombrables flâneurs, dont certains sont bien aussi des clients !
Est-ce le Monde Parfait… !?
Pour visionner Le monde parfait jusqu’au 21/07/2021.
DARTY, UNE HISTOIRE DE CONFIANCE
La « Saga » de Bernard Darty et de sa famille est particulièrement originale et passionnante. Dans ce documentaire réalisé par le cinéaste Alexandre Arcady, elle est décrite avec brio à l’aide de nombreux films d’époque, d’interviews et de témoignages.
Avec un sens inné du commerce, un esprit d’entreprise et une audace remarquables, les Darty au début des années 60 quittent leur magasin de confection de vêtements dans la banlieue parisienne pour s’installer dans un autre local (tout à côté !). Ils se mettent à y vendre des postes de radio et de télévision, avec une approche commerciale particulièrement dynamique et un merchandising original : les appareils sont exposés sur le trottoir à un prix défiant toute concurrence !
Le succès est spectaculaire et se traduira en 1968 par l’ouverture d’une première grande surface. Les frères Darty, et particulièrement Bernard, déploient leur détermination de croissance, leur vision du marché et leur créativité, en utilisant tous les leviers possibles : des prix garantis les plus bas, (le fameux « contrat de confiance » !), un service après-vente très performant (On se souvient des camionnettes Darty sillonnant Paris !), une innovation dans cet univers : la publicité à la télévision, un déploiement rapide de magasins à travers la France, dans des emplacements particulièrement bien sélectionnés (La place de la Madeleine, par exemple !).
Le succès est phénoménal et Darty devient ce que les américains appellent un « Category killer ».
Enfin, ils innovent même dans le domaine social en ouvrant le capital de leur société familiale a tout le personnel qui devient actionnaire et ainsi intéressé au résultat.
Les Darty céderont en 1993 leur affaire au groupe anglais Kingfisher, qui le cédera à son tour dans les années 2010.
Pour visionner le documentaire adresser un mail à Flair production qui vous enverra un lien permettant de visionner l’intégralité du documentaire.
Ah ! Si Aristide Boucicaut et Marguerite avaient connu Dim et le Contrat de confiance de Darty, le Bon Marché aurait été un Monde Plus que parfait…
Bravo pour cette belle brochette de prix emblématiques…
Eh Oui ! Ils ont manqué de grands rendez-vous de l’histoire commerciale, après leur formidable épopée…